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où notre capitaine résolut de s’arrêter quelque temps, parce que la plus grande partie des marchandises qu’il avait envie d’acheter ne pouvait lui être livrée que dans plusieurs mois. Pour se dédommager un peu des frais de ce retardement, il acheta une barque chargée de différentes sortes de marchandises, dont les Tunquinois font un commerce ordinaire avec les îles voisines ; et, mettant sur ce petit navire quarante hommes, dont il y en avait trois du pays, il m’en fit capitaine, et me donna un pouvoir pour deux mois, tandis qu’il ferait ses affaires au Tunquin.

Il n’y avait pas trois jours que nous étions en mer qu’une grande tempête s’étant élevée, nous fûmes poussés pendant cinq jours vers le nord-est, et ensuite à l’est. Le temps devint un peu plus calme, mais le vent d’ouest soufflait toujours assez fort. Le dixième jour deux pirates nous donnèrent la chasse, et bientôt nous prirent ; car mon navire était si chargé qu’il allait très-lentement, et qu’il nous fut impossible de faire la manœuvre nécessaire pour nous défendre.

Les deux pirates vinrent à l’abordage, et entrèrent dans notre navire à la tête de leurs gens ; mais, nous trouvant tous couchés sur le ventre, comme je l’avais ordonné, ils se con-