Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que j’eus de plaisir à voir leur origine, et tous les personnages qui leur ont transmis leur sang ! Je vis clairement pourquoi certaines familles ont le nez long, d’autres le menton pointu, d’autres ont le visage basané et les traits effroyables, d’autres ont les yeux beaux et le teint blond et délicat ; pourquoi, dans certaines familles, il y a beaucoup de fous et d’étourdis ; dans d’autres beaucoup de fourbes et de fripons ; pourquoi le caractère de quelques-unes est la méchanceté, la brutalité, la bassesse, la lâcheté ; ce qui les distingue, comme leurs armes et leurs livrées. Je compris enfin la raison pour laquelle Polydore Virgile avait dit au sujet de certaines maisons :

Nec vir fortis, nec fœmina casta.

Ce qui me parut le plus remarquable fut de voir ceux qui, ayant originairement porté le mal immonde dans certaines familles, avaient fait ce triste présent à toute leur postérité. Que je fus encore surpris de voir, dans la généalogie de certains seigneurs, des pages, des laquais, des maîtres à danser et à chanter, etc. !

Je connus clairement pourquoi les historiens ont transformé des guerriers imbéciles et lâches en grands capitaines, des insensés et de petits