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Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 1 - Scheurleer 1732.djvu/118

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LE CONTE

venté la[1] verge, & l’éguille : ſi c’eſt en qualité de Dieu des Mariniers, ou s’il faut prendre cette expreſſion dans un autre ſens miſterieux & allegorique, c’eſt un point ſur lequel juſqu’ici on n’a pas répandu le jour neceſſaire.

Les Adorateurs de ce Dieu avoient un Syſtéme de Doctrine, qui rouloit à peu près ſur les Dogmes Fondamentaux, que voici.

L’Univers, diſoient-ils, n’eſt autre choſe, qu’un habillement complet, qui revêt toutes choſes : la terre eſt habillée par l’air, l’air par les Etoiles, & les Etoiles par le primum mobile. Jettez les yeux ſur notre Globe, vous verrez que C’eſt un habit dans les formes, & d’un très-bon goût ; ce que certaines gens apellent la Terre n’eſt autre choſe, qu’un ſur-tout avec des paremens verds. Qu’eſt-ce que la mer, ſi-non une veſte d’un beau tabis ? Examinez chaque ouvrage particulier de la création, vous verrez quelle habile couturiere la nature a été, en habilant tous les vegetaux à la Cavaliere. De quelle perruque galan-

  1. Une meſure de trois pieds, c’eſt l’aune Angloise.