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LE CONTE

ordinaires ſont le dégoût, l’ennui, & l’indolence.

Néanmoins, j’ai voulu ſuivre un précepte fort ancien & d’une grande Autorité, & j’y ai réüſſi dans la derniere perfection dans toute l’étendue de ce divin Ouvrage. Je veux dire, que j’y ai mis par-tout, avec une proportion exacte, tantôt une couche d’utile, & tantôt une couche d’agréable.

Nos illuſtres Modernes ont éclipſé & écarté du Commerce du monde poli les foibles lumieres des Anciens, juſqu’à un tel point, que nos beaux eſprits les plus diſtinguez révoquent en doute ſi les Anciens ont jamais exiſté[1]. C’eſt un Problême, ſur lequel nous attendons de grands éclairciſſemens de la ſavante plume du fameux Bentley ; & je n’y reflechis jamais, ſans m’étonner, qu’aucun Moderne pour faire valoir la prodigieuſe ſupériorité de notre ſiécle, n’ait pas entrepris de renfermer, dans quelque petit volume de poche, un Syſteme général de tout ce qu’il faut ſavoir, croire,

  1. Certains Partiſans des Modernes. Fontenelle, par exemple, prétend que nous ſommes les Anciens. Je ne ſais pas trop s’il a tort.