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Page:Swift - Le Conte du tonneau - tome 1 - Scheurleer 1732.djvu/321

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DU TONNEAU.

de braire, par lequel le grand Sancho ſe ſignala jadis ſi noblement en Eſpagne[1]. Ses oreilles larges étoient toûjours expoſées à l’air, & dreſſées en haut ; & par leur ſecours, il porta ſon art à un tel degré, qu’il étoit difficile, pour ne pas dire impoſſible, de diſtinguer la Copie de l’Original.

Il étoit attaqué d’une maladie tout-à-fait contraire à celle, qui vient de la morſure de la Tarentule ; il devenoit tout furieux au ſon d’un inſtrument de Muſique, & ſur-tout d’une Muſette[2] : mais il s’en guériſſoit aiſément, en faiſant quelques tours dans la Sale de Weſtmunſter, dans Billing-gate, dans une Ecole, à la Bourſe, ou bien dans un Caffé rempli de Nouvelliſtes[3].

Il ne craignoit pas les couleurs, mais

  1. Ceci réflechit ſur ces tons de voix lamentables, & ces cris ridicules, dont pluſieurs Prédicateurs devots touchent les ſens de leurs auditeurs, au lieu de convaincre leur raiſon par de bonnes preuves.
  2. Certains Devots, partiſans de Jean, ont la Muſique en horreur, comme la plus affreuſe mondanité ; quoi que rien au monde ne ſoit plus innocent : ils la trouvent ſur-tout abominable dans le Culte religieux.
  3. Ce ſont tous des lieux, où il ſe fait un bruit auſſi grand, que deſagréable.