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LE CONTE

il les haïſſoit mortellement ; &, par conſequent, il avoit une grande averſion, pour toutes ſortes de peintures[1]. Quelquefois même, dans quelqu’un de ſes accès, il ſe promenoit dans les ruës, les poches chargées de pierres, pour abatre les enſeignes des boutiques.

Sa maniere de vivre, telle que je viens de la dépeindre, lui donnant fort ſouvent occaſion de ſe laver, il ſe jettoit quelquefois juſqu’aux oreilles dans l’eau, même au beau milieu de l’Hyver : mais, on a remarqué, qu’il en ſortoit plus ſale qu’il n’y étoit entré[2].

Il a été le premier, qui ait trouvé l’Art de donner un remede ſoporifique par les oreilles. C’étoit un compoſé de ſou-

  1. Les Presbyteriens ont une haine furieuſe contre toutes ſortes de peintures expoſées dans les Egliſes, dans quelque vue que ce ſoit.
  2. Cet endroit paroit un peu obſcur ; je crois l’entendre pourtant. Certains Devots, pieux par grimace, & réellement criminels, comme les Phariſiens, ſe croïent nettoïer de leurs défauts, par des jeunes, & des penitences exterieures, qui, ne venant pas d’un bon principe, & étant mêlées d’Hypocriſie, deviennent des crimes elles-mêmes. De cette maniere, le Devot devient plus ſale, à force de ſe laver.