Page:Swift - Opuscules humoristiques - Wailly - 1859.djvu/242

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puis, sans consulter les astres, vous assurer qu’il sera employé au grand détriment de votre personne. — Monsieur, s’écria-t-il en saluant avec beaucoup de civilité, je vois que votre extrême chagrin de la perte du docteur vous trouble un peu l’esprit en ce moment ; mais demain de bon matin je reviendrai avec les objets nécessaires. » Je ne nomme aucun Bickerstaff, et je ne dis pas que certain squire contemplateur d’étoiles a joué le rôle de mon exécuteur avant le temps ; mais je m’en rapporte au jugement du monde, et celui qui sait rapprocher comme il faut une chose d’une autre ne sera pas bien loin de la marque.

Pour lors, je refermai mes portes et me disposai à me coucher, dans l’espoir d’un peu de repos après tant de sujets d’agitation. Juste comme j’éteignais ma lumière dans cette intention, en voilà un autre qui frappe aussi fort qu’il peut ; j’ouvre la fenêtre et demande qui est là, et ce qu’on veut. « Je suis Ned, le sacristain, répond-il, et je viens savoir si le docteur a laissé des ordres pour une oraison funèbre, et où on doit le déposer, et si sa fosse doit être toute simple ou revêtue de briques. — Eh mais, maraud, dis-je, vous me connaissez bien ; vous savez que je ne suis pas mort ; comment osez-vous m’insulter de cette manière ? — Hélas, monsieur, réplique le drôle, c’est imprimé, et toute la ville sait que vous êtes mort ; tenez, M. White, le menuisier, est en train de mettre des vis à votre bière ; il sera ici avec dans un instant ; il avait peur que