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190 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

intermédiaire, traiter avec la France. Il déclara à Berlin et a SaintPétersbourg qu’il ne fallait pas songer a opérer une contre-révolution en France, que, dans son opinion, tout motif de guerre disparaissait si la France renonçait a ses conquêtes et respectait les droits des autres États (1). Il n’était question ici ni de la constitution française, ni même du sort personnel de Louis XVI; Pitt ne demandait rien que la mise en pratique de ce principe si solennellement proclamé par la Constituante, que la France ne songeait pas à des conquêtes. Il ne restait plus après cela qu’une chose à faire, celle à laquelle la France tenait par-dessus tout, la reconnaissance officielle de la République par les puissances; mais Pitt avait de bonnes raisons pour ne pas appuyer en ce moment sur ce point auprès des cours de Vienne et de SaintPétersbourg. Cette reconnaissance, d’ailleurs, se trouvait tout naturellement sous-entendue par le traité de paix qu’il proposait. Quant à ce qui concernait l’Angleterre, le ministre annonça que, en supposant toujours que la France renonçât à ses conquêtes, il n’aurait aucune répugnance a reconnaître la République (2). La réponse que lord Grenville adressa à la note du 27 décembre était parfaitement conforme a ces principes. 11 y était répété que Chauvelin, n’ayant pas encore été accrédité par le nouveau gouvernement français, ne pouvait être considéré que comme un simple particulier; que, néanmoins, l’Angleterre saisissait volontiers l’occasion d’exprimer par son entremise ses vœux en faveur de la paix, et son intention de ne pas prendre les armes tant que la sécurité et l’indépendance des autres États ne seraient pas menacées par la France. Toute la politique anglaise était nettement et clairement définie par ces simples phrases. Mais, ou les ministres français ne renoncèrent pas encore à leur espoir de tirer parti de la faiblesse de l’Angleterre, ou ils surmontèrent la crainte que leur avait inspirée jusque-là l’idée d’une guerre avec cette nation, toujours est-il qu’ils continuèrent à marcher dans la voie qu’ils s’étaient récemment tracée. Ce fut en vain que de Maulde, qui venait d’arriver à Paris, confirma, d’après les communications qui lui avaient été faites par (1) Grenville à lord Withwortti, à Satnt-Pctcrsbourg. Goltz au ministère prussien, 24 janvier.

(2) Miles à Lebrun, 2 janvier, avec les éclaircissements, dans H. Marsh, 377.