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102 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

en déclarant que si, malgré tout, l’Angleterre continuait ses armements, la France se verrait à regret, mais sans crainte, forcée de se préparer à la guerre.

Ainsi, on persistait dans l’occupation de la Belgique, car cette phrase « Le temps nécessaire pour fonder sa liberté », avait le même sens que celle par laquelle, en 185/t, l’empereur Nicolas chercha à établir une différence entre la possession et la protection de Constantinople en outre, la France menaçait de déclarer la guerre si l’Angleterre ne déposait pas les armes. Une fois lancé dans cette voie, le Conseil des. ministres fut facilement entraîné plus loin encore. Le jour même où Lebrun signait cette dénégation de tout projet d’attaque, le Conseil reçut un mémoire par lequel plusieurs patriotes hollandais dépeignaient l’état de faiblesse et d’abandon où se trouvait la Zélande, et conseillaient d’y faire une invasion inopinée le 8 janvier, ils revinrent à la charge, en donnant de plus amples détails. Les ministres se rappelèrent alors que Dumouriez était encore dans le voisinage (il attendait, retiré à la campagne, qu’on prît une décision au sujet de ses plaintes), et ils l’invitèrent, le 9, à donner son avis sur ce projet. Dumouriez avait lui-même formé un plan semblable quelques semaines auparavant il accueillit donc celui-ci avec enthousiasme, songea aussitôt aux moyens de l’exécuter, et, se voyant déjà en imagination à la tête d’une république batave, il oublia aussitôt tous les ennuis et toutes les vexations des derniers mois. Mais les ministres n’allaient pas si vite en besogne. Quoiqu’ils tinssent maintenant la guerre avec l’Angleterre pour certaine, ils voulaient cependant attendre la réponse de cette puissance avant de faire une sérieuse levée de boucliers il fut donc décidé que l’on continuerait à faire les préparatifs nécessaires, mais qu’on suspendrait toute démarche décisive jusqu’à nouvel ordre (1).

Avec cette perspective en Hollande, le ministère ne crut plus devoir retarder la prise de possession de la Belgique. Dès le 8, la nomination et les instructions de trente commissaires de la Convention furent signées; ces commissaires avaient la mission avouée, conformément au décret du 15 décembre, de pourvoir (1) Protocoles du ministère, 7, 8 et 9 janvier. Dumouriez écrivit cependant le 10 à Miranda, comme si « son plan était déjà complètement accepté.