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COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAJSE. ~3

aux besoins de l’armée française, mais avec l’ordre secret de ne reconnaître dorénavant en Belgique d’autre autorité que celle des conseils des communes, de prendre en main la direction de ces conseils, de mettre les assignats en circulation, de préparer enfin, par tous les moyens possibles, la réunion formelle de la Belgique à la France.

On voit que le désir de prendre l’offensive s’était peu à peu rallumé, et avait pris une impulsion nouvelle. Mais lorsque, bientôt après, on reçut de Londres la réponse qu’on attendait, il fut facile de voir que cette ardeur n’était pas encore fortement enracinée dans les cercles ministériels. La décision du cabinet anglais était telle que devaient le prévoir tous ceux qui connaissaient à fond l’Angleterre à cette époque. Le 11 janvier, une lettre de Chauvelin annonça que ses plaintes au sujet de la police des étrangers n’avaient pas été écoutées, et le 12, Maret reçut de Londres une dépêche confidentielle, dans laquelle était posée de la manière la plus précise l’alternative de renoncer à la conquête de la Belgique ou de se mettre en guerre avec les puissances maritimes le 18 enfin, lord Grenville déclara que les armements ne seraient pas suspendus en Angleterre, et qu’on y était résolu, au contraire, à repousser les armes à la main toute attaque de la part de la France.

Dans le premier moment, la colère fut vive à Paris. Le 13 janvier 1793, la Convention décida l’armement de trente vaisseaux de ligne et la construction de vingt-cinq autres; il fut même question de confier au colonel Laclos la direction d’une expédition contre les Indes anglaises, et, le le ministère ordonna que l’armée de terre fût portée au chiffre de cinq cent mille hommes. Au fond, cependant, de vives inquiétudes agitaient les membres du gouvernement français. Il était facile aux orateurs, du haut de la tribune, de renverser l’Angleterre dans la poussière mais les possesseurs du pouvoir ne se dissimulaient pas les difficultés de l’entreprise. Bientôt le ministère commença à faiblir sur tous les points. Dès le 1&, le général Miranda reçut l’ordre de faire tout ce qui dépendrait de lui pour s’assurer de la neutralité de la Holtande. Trois jours plus tard, on résolut de différer l’expédition de Zélande, et, le 16, les instructions données Genêt furent elles-mêmes modifiées au lieu de l’alliance offen-