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COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE. 107

Il y a tout lieu de supposer que le Conseil des ministres n’a jamais entretenu un doute relativement aux conséquences que la mort du roi devait entraîner à sa suite; mais il ne s’est jamais nettement expliqué à cet égard, car il vit aussitôt sa propre existence ébranlée et menacée par cette catastrophe. Roland appréciait complétement la situation; il comprenait que son parti avait compromis et ruiné son avenir, et il déposa un portefeuille qui ne lui donnait plus aucune autorité. Depuis le 11 janvier, bien qu’assistant toujours aux séances, il avait refusé sa signature aux protocoles (1). <: Les méchants ont le dessus », dit-il alors, et il rentra dans la vie privée. Peu d’hommes avaient autant contribué que lui à amener la chute du roi, et peine les jours de Louis XVI étaient-ils terminés, que Roland prévit que cette mort amènerait sa propre perte. Un autre vide se préparait à un point tout opposé du ministère. Plus le théâtre de la guerre s’étendait, plus se montraient à nu l’incapacité et l’immoralité de Pache, en dépit de tous les mérites qu’il pouvait avoir aux yeux du parti victorieux. Les hommes les plus ardents de la Commune eux-mêmes ne pouvaient plus prendre ouvertement sa défense, depuis que les commissaires de la Convention envoyés en Belgique avaient constaté les découverts monstrueux qui s’étaient produits au trésor pendant son administration. Son parti lui répondait de l’impunité personnelle, mais il était évident pour tous que les heures de son ministère étaient comptées.

Comme Roland et Pache étaient les membres les plus importants du Conseil, une crise ministérielle était imminente. Les conséquences habituelles en pareil cas se produisirent aussitôt toute unité disparut, les influences particulières prirent le dessus, la faiblesse se manifesta partout. Ce n’est que par cet état d’ébranlement du cabinet que peut s’expliquer un épisode imprévu qui eut lieu au moment décisif.

Dumouriez avait été encore plus fortement et plus profondément atteint par la mort du roi que Roland. Il avait toujours respecté Louis XVI, l’avait souvent défendu et ne l’avait pas (1) Protocole du Conseil des ministres du 21 a Les soussignés certifient que, bien que Roland se soit retusé à signer les protocoles ci-joints, il fut toujours présent et prit part aux discussions. Garat, Pache, Monge, Lebrun. ? »