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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/118

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11/t COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

de tous ces ménagements, la Convention n’en subit pas moins un vote de méfiance de la part des fédérés, qui demandèrent, par une députation martiale, qu’on accordât un témoignage d’estime publique à l’honorable Pache. La Convention, pour les calmer, suspendit deux jours plus tard le procès commencé contre les septembriseurs, et ferma les yeux lorsque, dans la même semaine, ils interdirent au théâtre une pièce qui leur déplaisait (1), en égorgeant les vendeurs de coupons et en maltraitant le public.

Les démocrates eurent également lieu de se réjouir quant a ce qui regardait le point capital, car le centre, satisfait du changement de personne, ne fit plus aucune diHîculté pour consentir à ~’organisation de l’armée dans le sens désiré par eux. Nous donnerons brièvement le résumé des mesures qui furent prises alors; elles portent en elles-mêmes leur signification. On débuta, le 2 février, par ce qui est la base nécessaire de tout armement guerrier, par une grande émission d’argent, ou plutôt d’assignats on en créa pour 800 millions. Puis vint l’ordre de recruter trois cent mille hommes, ce qui était plus que le double des forces militaires qui avaient existé jusqu’alors (2). Chaque commune devait attendre trois jours les inscriptions volontaires, puis compléter elle-même son contingent. A cet effet, tous les gardes nationaux restaient exposés à la réquisition depuis dix-huit jusqu’à quarante ans, en attendant que le contingent de l’armée fût complet. Ce fut donc des mains de la République que la France reçut sa première loi sur la conscription. Cette nouvelle atteinte à la liberté individuelle fut compensée par un redoublement d’indiscipline militaire. Les volontaires qui s’étaient engagés depuis le mois de septembre avaient formé jusqu’alors des bataillons entièrement séparés des troupes de ligne, et s’étaient fait remarquer par leur bruyant patriotisme et leur manque absolu d’ordre et d’obéissance. Ils choisissaient eux-mêmes leurs officiers, et vivaient en assez mauvaise intelligence avec les autres troupes. Sur la motion (1) La chaste Suzanne.

(2) On n’avait pas alors, outre l’armée des Pyrénées, moins de huit années en campagne (armées des Côtes-dn-Nord, de la Belgique, dei< Ardennes, de la MoseHe, du Hbin; des Alpes, da Var), maii! toutes ensemble arrivaient a peine an chiffre de cent cinquante mille hommes. Les garnisons de l’intérieur (gendarmerie, invalides) comptaient cinquante mille honnncs. (Poisson, H, 138.)