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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/156

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i52 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

arriver à restreindre à de justes limites la toute-puissance de la Russie en Pologne.

Mais la czarine avait pressenti tout cela, et elle se sentait peu disposée à laisser ces projets s’accomplir. Elle avait complaisamment prêté l’oreille aux vœux des puissances allemandes tant que la lutte avait duré en Pologne, et qu’une opposition de la cour de Vienne ou de la cour de Berlin aurai.t pu la gêner mais à présent, à la fin de juillet, elle voyait la Pologne a ses pieds, et plus son triomphe se complétait, plus elle éprouvait de répugnance à céder une province à la Prusse. Le traité d’alliance fut pourtant signé le 7 août, avec les additions demandées à Berlin; quant à l’indemnité à donner à la Prusse, Goltz n’en entendit pas parler pendant quelque temps; puis on finit par déclarer qu’il fallait attendre le résultat de l’entrevue de Mayence. Ostermann dit même une fois, comme en plaisantant, que le manifeste du duc de Brunswick renonçait à toute conquête, sur quoi Goltz répliqua « Le manifeste dit que l’on ne songera pas à s’enrichir, ce qui n’exclut pas l’idée d’une juste indemnité. » « Sans doute, vous avez raison, reprit Ostermann; il ne s’agit que de s’entendre. » La-:dessus eut lieu l’entrevue de Mayence, puis vint la catastrophe fatale, c’est-à-dire la rupture de la concorde entre les puissances allemandes, et la lutte ouverte de l’Autriche et de la Prusse. Ce funeste événement assura en Orient la suprématie de la Russie, de même qu’il prépara à l’Occident les victoires de la Révolution française. A Saint-Pétersbourg, Goltz vit se fermer devant lui toutes les portes et toutes les oreilles. « La Russie, disait-on, est alliée à l’Autriche et à la Prusse elle ne peut rien conclure avec l’une sans l’assentiment de l’autre si la Prusse veut être écoutée à Saint-Pétersbourg’, il faut auparavant qu’elle se réconcilie avec l’empereur. » C’était bien là aussi le plus vif désir de la cour de Berlin. Le comte Haugwitz fut envoyé à Vienne, afin de discuter les points en litige. Mais lui non plus ne put avancer d’un pas. L’Autriche persistait dans ses prétentions sur les margraviats de Franconie, tout autant que la Prusse dans sa résistance. L’automne s’écoula ainsi; la campagne de Champagne se termina sans amener de résultat, et nous savons comment peu à peu la situation se tendit en octobre, et comment la crise devint imminente. D’un côté, l’Autriche exprima hautement le désir,