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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/164

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MO MOXtÈMË PARTÂ8Ë DE LA POLOGNE.

monde, ses adversaires, quels qu’ils fussent) n’écoutaient que la Voix de leur égoïsme personnel. Tandis que l’ouragan ~engloutissait toutes les digues sous ses vagues furieuses, les gardiens du port se disputaient avec une haine envieuse les épaves qui flottaient autour d’eux,

La Prusse, ainsi que nous l’avons vu (1), avait rejeté de nouveau, par la note de Merle, les prétentions de l’empereur sur Anspach et Bayreuth, mais elle avait presque doublé ses propres exigences au sujet de la Pologne. Spielmann, qui était bien instruit des intentions de son empereur, se désespérait en voyant l’abîme qui le séparait de la Prusse. Il ne lui fallait pas beaucoup de pénétration p’our se convaincre que, devant l’imminence toujours croissante de la guerre contre la France, l’empereur n’aurait aucun moyen pour forcer la Prusse à céder la Franconie, et que la Belgique serait peut-être bientôt envahie par la Révolution, ce qui rendrait tout naturellement l’échange de ce pays contre la Bavière impossible. H se décida donc tout à coup à un grand changement d’attitude. Il offrit de renoncer à toute prétention sur les pays de Franconie si la Prusse consentait à ne plus faire dépendre l’échange de la Bavière contre la Belgique du libre acquiescement de l’électeur, et si elle permettait l’occupation immédiate de la Bavière par un corps de quarante mille Autrichiens. Il allégua que l’électeur, après toute la prédilection qu’il avait montrée pour les Français, ne méritait pas un meil-" leur sort, qu’on pouvait donner l’entrée des troupes le prétexte de renforcer l’armée du Rhin, et qu’on préviendrait, par la rapidité de la surprise, toute résistance dangereuse. On voit ici combien la passion suffit pour triompher de toute considération politique et pour obscurcir le jugement! Que de fois Frédéric II n’avait-il pas indiqué une étroite alliance avec la Bavière comme une des premières conditions de la vraie politique de la Prusse? iquede fois/dans la première comme dans la dernière période de sa vaste carrière, n’avait-il pas pris cette maxime pour base de sa conduite? Mais maintenant son successeur n’était occupé que du désir d’acquérir une province polonaise, et, possédé par ce désir, Frédéric-Guillaume II marchait en avant, oubliant (l) Vol. 1~ p. 595.