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178 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

russe, et n’avait pour but que de tranquilliser momentanément l’Autriche. Quant à ce qui concernait personnellement l’empereur et ses prétentions, les deux puissances se promirent d’accéder à l’échange de la Belgique, et même, si François II le leur demandait, de l’aider et de le soutenir autant qu’il serait en leur pouvoir; toutefois, la Prusse déclara formellement que, par ce mot de soutien, elle n’entendait que le secours de ses armes pour reprendre la Belgique, et ne voulait participer à aucune mesure oppressive exercée contre l’électeur de Bavière. Les deux puissances devaient, avant le 21 avril, se faire prêter serment de fidélité par leurs provinces respectives, et se garantir mutuellement ces possessions envers et contre tous. On se promit le plus grand secret sur la teneur générale du traité; la Russie particulièrement exigea d’une manière péremptoire que la cour de Vienne ne fût invitée à y prendre part et n’en eût même connaissance qu’après l’échange des ratifications, c’est-à-dire lorsque les faits seraient accomplis en Pologne. On vit là à Berlin une dernière manifestation du mécontentement de la Russie contre la politique de l’empereur Léopold, et l’on déplora d’avance l’irritation qu’un tel procédé ne pouvait manquer d’exciter à Vienne. Cependant, on n’avait aucun moyen de s’y opposer, car Catherine faisait dépendre la conclusion du traité en général de l’acceptation de cette clause. L’acte qui devait avoir de si graves conséquences fut donc signé le 22 janvier 1793.

Cet acte renfermait, ainsi que nous l’avons vu, plus d’une clause propre à obscurcir quelque peu à Berlin la joie du succès. De plus, tout ce qu’on apprenait des dispositions du gouvernement russe était loin d’ouvrir de brillantes perspectives à ses alliés prussiens. Tandis qu’Ostermann et Goltz rédigeaient le traité, Suboff assurait au comte Oginski que tous les bruits d’un nouveau partage étaient mensongers, et que Catherine ne songeait qu’à fortifier la Pologne pour en faire f un rempart contre les ennemis d’Occident. En même temps, Ostermann donnait à entendre à plusieurs membres du corps diplomatique que la Prusse exigeait absolument trois ou quatre provinces polonaises, que Catherine résistait avec énergie, mais qu’il n’était pas sûr qu’au milieu des soucis de tout genre qui t’accablaient, elle ne. fût forcée de céder. On reconnaît là le