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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/183

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PARTAGE DE LA POLOGNE. LE TRAITÉ. 179

désir bien arrêté qu’avait la Russie de rejeter sur son alliée tout l’odieux et toute la responsabilité du partage, de paraître, aux yeux de l’Europe, n’avoir cédé qu’à la contrainte, et de se poser toujours en protectrice des Polonais contre l’avidité prussienne, même au moment où elle s’appropriait un terrain deux fois plus étendu que celui qu’obtenait la Prusse. Dans les derniers jours de janvier, Markofï disait encore à l’ambassadeur anglais qu’on ne pouvait prévoiries événements que renfermait l’avenir; mais que, pour le moment, le partage n’aurait pas lieu et l’ambassadeur, qui n’avait aucune preuve palpable du contraire, devait se contenter de cette assurance.

Ce système de froide dénégation ne pouvait être poursuivi longtemps. On n’avait plus de résistance sérieuse à redouter de la part de l’Angleterre, depuis la déclaration de guerre de la France, et Catherine prit sur-le-eliamp des mesures propres à lui assurer l’amitié du cabinet britannique. Elle ne manquait pas pour cela de moyens efficaces. Lors du premier partage de la Pologne, en ’1772, elle avait réduit l’Angleterre au silence en lui accordant un traité de commerce des plus avantageux elle se trouvait maintenant en situation de lui offrir, sur le même terrain, des concessions plus grandes encore. Non-seulement le traité de 1772 n’avait pas été renouvelé depuis son expiration, mais, en 1780, Catherine avait fait une opposition violente aux droits maritimes des Anglais par le célèbre acte de neutralité armée dont elle ne s’était plus départie depuis lors. Comme ces questions ont joué un grand rôle pendant la guerre de la Révolution, il est nécessaire d’en faire connaître les points principaux.

La guerre maritime avait toujours eu pour but, non-seulement de nuire à l’État ennemi, mais encore de ruiner son commerce on devait donc en arriver bientôt à se demander quelle était la;conduite à tenir à l’égard du commerce de l’ennemi avec les peuples neutres. Des principes théoriques bien précis découlent tout naturellement de l’Idée de neutralité reconnaître un État neutre comme tel, c’est renoncer par là même au droit d’empêcher le commerce de cet État avec l’ennemi d’autre part, se déclarer neutre, c’est s’engager ne pas favoriser les opérations de guerre de l’un ou de l’a.~re parti par des mouvements