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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/186

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182 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

Ce système fut consacré vers le milieu de février, avant qu’on eût connaissance à Saint-Pétersbourg, par conséquent, de la déclaration de guerre faite par la France à l’Angleterre, par un écrit de la main même de Catherine, par lequel l’Impératrice autorisait Woronzow à faire la déclaration suivante « Si l’Angleterre trouve moyen d’empêcher le partage de la Pologne, la czarine ne s’y oppose nullement, car elle a été forcée par le roi de Prusse à souscrire à ce partage; du reste, elle conclurait volontiers un traité de commerce avec l’Angleterre, et elle attend à ce sujet les propositions du ministère anglais (1). »

A la même époque, Dumouriez s’avançait résolument vers les frontières de la Hollande, et la France équipait dans tous ses arsenaux de nouvelles flottes destinées à combattre l’Angleterre. Dans de telles conjonctures, aucun ministre anglais ne pouvait repousser les offres de la Russie dans l’unique but de faire une vaine protestation contre le partage dela Pologne. Pitt, d’ailleurs, souhaitait de voir un corps auxiliaire de troupes russes venir en Flandre par mer, et il aurait sacrifié des choses qui lui eussent tenu bien plus à cœur que la Pologne, pour obtenir le renouvellement du traité de commerce. Il accepta donc, et offrit de conclure immédiatement un traité d’alliance en règle. Mais ici, Catherine se retrancha de nouveau dans sa réserve habituelle. Elle ne voulait pas plus envoyer des troupes à Pitt qu’aux puissances allemandes; elle trouvait le silence de l’Angleterre au sujet de la Pologne assez chèrement acheté par la renonciation de la Russie à la neutralité maritime, et elle ne voulait consentir à une alliance effective contre la France que si l’Angleterre abandonnait également la Turquie aux armes russes. On se contenta donc, le 25 mars, d’un traité provisoire par lequel on se promettait amitié, bons offices, avantages commerciaux pour l’Angleterre et restriction de ceux de la France, et par lequel on décidait que des délibérations nouvelles auraient lieu au sujet d’un traité d’alliance.

De cette façon, tout espoir d’appui de la part de l’Angleterre fut enlevé à la Pologne; aussi loin que pouvait se porter (1) Hogguer, 25 février.