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218 DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

ville menaça de les faire arrêter il obtint ainsi de vive force la création d’un comité d’administration tout démocratique, qui nomma le commissaire français procureur-syndic, de sorte que la confiscation des biens publics s’effectua sans difficulté. A Tournai, les autorités, soutenues par l’opinion populaire, crurent agir plus prudemment en faisant élire le plus rapidement possible de nouveaux représentants qui, en vertudeleur mandat, pourraient, pensait-on, soustraire la province au décret du 15 décembre; mais elles avaient supposé aux Français trop de respect pour leurs propres lois; le général Omoran s’opposa violemment à toute élection nouvelle tant que les commissaires n’eurent pas confisqué les biens de l’État. Il en fut de même dans toute la Belgique; partout se produisirent des protestations impuissantes d’un côté, et, de l’autre, des actes de violence et de pillage. Mais ce n’était pas tout encore les nouveaux commissaires étaient tous tirés de la lie des clubs parisiens; quelques-uns d’entre eux savaient à peine signer leur nom nul ne possédait la moindre notion d’administration ni la moindre connaissance du pays dans lequel ils se trouvaient; mais ils n’en étaient que mieux pénétrés des principes les plus cyniques des Cordeliers plus ils avaient été placés bas dans leur patrie, plus ils se montraient enivrés maintenant du pouvoir sans bornes qu’ils possédaient. Leurs brutales prétentions allaient parfois jusqu’à la démence. Ils exigeaient, partout où ils arrivaient, qu’on leur rendît les honneurs en usage pour les archiducs d’Autriche ils en vinrent même jusqu’à casser les ordres donnés par les commissaires de la Convention, et l’un d’eux enjoignit un jour à Dumouriez d’envoyer des renforts à un point déterminé de la ligne de la Meuse. Les Belges avaient partout à se plaindre de leur cupidité et de leurs rapines. Bien qu’ils reçussent un traitement fixe de plus de 800 livres par mois, sans compter leurs frais de tournée, ils puisaient sans pudeur dans toutes les caisses de la nation, n’hésitant pas, lorsque cela leur semblait nécessaire, à s’appuyer sur les anciennes lois du pays, qu’ils combattaient ailleurs avec tant de fanatisme. De plus, ils cherchaient partout à s’attacher le bas peuple o: 0 vous, pauvres, bannissez toute crainte, disait une proclamation publiée à Namur que les riches, qui sont cause de vos malheurs, rougissent de leurs forfaits, et que les palais fassent