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LA BELGIQUE EST REPRISE PAR LES AUTRICHIENS. 223

rapport militaire, était plusjudicieuse qu’on ne le croit généralement. Son armée menaçait de se débander au premier choc; elle était déjà fortement ébranlée par suite des privations qui lui étalent imposées et de l’influence des démagogues, et, depuis les derniers revers, les désertions y avaient été considérables. Avec de telles troupes, on ne pouvait réussir qu’en prenant l’offensive, qui seule devait leur rendre quelque confiance en ellesmêmes quant à une défense persévérante, elles en eussent été incapables, et une nouvelle retraite eût amené une dispersion totale. En outre, d’ailleurs, la situation, sous le rapport des forces respectives, était plus favorable aux Français qu’on ne pouvait espérer qu’elle le serait jamais par la suite. Les Autrichiens, au lieu de cinquante mille hommes comme le croyait Dumouriez, n’en avaient tout au plus que quarante mille mais il y avait tout lieu de croire que des renforts étaient en route pour les appuyer. Ce qui d’ailleurs était sûr, c’est que Ceaulieu et Hohenlohe se dirigeaient surNamur,l’un de Trêves,l’autre de Luxembourg puis, le 8, on apprit que seize mille IIanovriens s’approchaient de la frontière belge, et, le 10, que Brunswick-OeIs avait atteint Bois-le-Duc avec ses Prussiens. Enfin, d’un moment à l’autre dix mille IIollandais.pouvalent passer le fleuve, et l’on devait s’attendre au débarquement d’un corps de troupes anglais. D’autre part, la Convention avait bien ordonné en février une nouvelle levée de trois cent mille hommes, mais, jusqu’à présent, des émeutes dans les départements et la guerre civile en Vendée avaient été l’unique résultat de cette mesure, et Dumouriez avait dû renvoyer en toute hâte de l’autre côté des frontières toute la vile canaille que les commissaires de la Convention avaient amenée en Belgique des départements limitrophes ceux-ci avouaient eux-mêmes, en effet, que ces hommes étaient plutôt des instruments dévoués sous le rapport politique que des soldats proprement dits. Une augmentation d’effectif était donc très-douteuse pour les Français, tandis qu’elle était assurée à leurs adversaires. Dans cette situation, il ne leur restait d’autre chance de succès que de profiter de la faiblesse momentanée de Cobourg, pour frapper un coup qui pût arrêter à une distance convenable les troupes prussiennes, hollandaises et anglaises. Le 15 mars, on avait aperçu les premières divisions autri-