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CHANGEMENT DE MINfSTÈRE EN AUTRICHE. 237 ~r"· 1- 1 ,1 t

libération, les commissaires déclarèrent le gênerai suspendu de ses pouvoirs, sur quoi il les fit arrêter. Les troupes acclamèrent avec enthousiame cet acte de vigueur; mais la remise des commissaires aux mains des Autrichiens, comme otages pour la sûreté de la famille royale, fut d’un très-fâcheux effet sur l’armée. On perdit encore un jour à correspondre avec Cobourg, avec lequel une entrevue futdécidéepour le avril. Lesrégiments,l’artillerie surtout, étaient en proie à une violente excitation; les volontaires gagnèrent Valenciennes, où ils vomirent des imprécations contre le traître. Trois de leurs bataillons rencontrèrentle A le général, comme il se rendait auprès du prince de Cobourg; ils firent feu sur lui, et le poursuivirent pendant plusieurs heures. Échappé à grand’peineà cesattaques, Dumouriez déclaraau prince de Cobourg qu’on ne pouvait songer à nulle autre constitution qu’à celle de i791, et, qu’avant tout, il fallait que l’Autriche déclarât qu’elle ne tenterait aucune conquête en France. Cobourg le promit, nous verrons bientôtpar quels motus mais le moment d’agir était perdu sans retour. Après l’escarmouche essuyée sur la route, le bruit se répandit dans le camp que le général avait été tué; d’autres disaient qu’il avait déserté et qu’il était parmi les Autrichiens. Là-dessus, l’artillerie quitta le camp la première, le 5 mars au matin, pour se rendre à Valenciennes, vers les commissaires de la Convention. Cet exemple fut contagieux; bientôt la défection fut complète. Dumouriez cependant revint au camp avec une escorte autrichienne, mais trop tard il ne lui resta plus alors d’autre ressource que de se rendre en fugitif au camp des Autrichiens, accompagné de quelques partisans fidèles, et d’implorer la protection de ses anciens ennemis. Dix-huit cents hommes de son armée l’y rejoignirent les jours suivants (d). Ainsi s’éteignit sans retour ce brillant météore. Cet homme, doué a un haut degré par la nature d’intelligence, de force de volonté et d’activité, exemple singulier de toutes les qualités et de tous les vices de l’ancien régime, avait grandi au milieu de l’intrigue, du besoin de jouissances et du manque absolu de principes le torrent de la Révolution, en l’entraînant, avait de plus développé en lui une ambition sans bornes. C’est ainsi qu’après (1) C’est le chiffre donue par Tauenzien. Dampierre dit plus tard & la Convention de six à sept cents.