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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/243

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CHANGEMENT DE MÎNrSTÈRE EN AUTMCME. 239

dos renforts allaient lui arriver, il est vrai, de différents côtés; il pouvait compter sur dix mille Prussiens, six mille Hessois, sept mille Anglais, treize mille Hanovriens; mais il savait aussi qup l’enthousiasme populaire qui faisait prendre les armes a ses adversaires les rendrait capables des plus grands efforts, et que des levées de troupes révolutionnaires se succéderaient sans relâche. De plus, bien qu’il ne fut pas complètement instruit des intentions de sa cour, il n’ignorait pas combien de tendances contraires et quels germes de haine contenait la grande alliance. H était prêt à un combat nouveau et l’eût affronté avec joie; mais son jugement lui faisait reconnaître qu’il ne devait, pour le bonheur de son pays, désirer que de voir cesser promptement cette guerre funeste. Il ne possédait ni des vues politiques très-étendues, ni des pensées créatrices, ni une grande facilité d’impressions ce n’était, sous aucun rapport, un homme de génie ¡ mais c’était un homme d’un jugement sain et droit, dont la réputation, comme cela est d’ailleurs arrivé alors a tapt d’autres, s’est trouvée ruinée par les détours elles ruses de sa cour. Nous avons vu qu’il considérait la guerre de la Révolution à peu près de la même manière que la cour de Prusse. Le représentant de cette cour à son quartier général, le comte Tauenzien jouissait alors de toute la confiance du prince et influençait toutes ses résolutions. A la première nouvelle des plans de Dumouriez, le roi, se souvenant de Valmy, avait recommandé la prudence; puis, mieux informé que Cobourg des desseins de l’Autriche, il ordonna à ses agents de ne prendre aucune part a ~entreprise. Mais Tauenzien, d’après ce qu’il savait des désirs personnels du roi, avait déjà supplié le prince de Cobourg de faire paraître le manifeste désiré par Dumouriez, de se déclarer l’allié des amis de l’ordre en France, et de renoncer solennellement, au nom de l’empereur, à tout projet de conquête. Le feld-maréchal rédigea donc cet acte, qui fut publié le 5 avril. Ce fut le cœur inquiet qu’il partit ensuite avec Mack et Tauenzien pour Anvers, où une conférence d’hommes d’État autrichiens anglais et hollandais devait avoir lieu le 7, afin de s’entendre sur la conduite à tenir à l’avenir. Ces hommes d’État étaient pour FAn.gleterre, le duc d’York, comme commandant en chef du corps auxiliaire anglais, et l’ambassadeur à La Haye, lord Auckland