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LE PMMtEh GOMtTË DE SALUT PUBLIC. 259

tous les droits primitifs et fondamentaux à l’intérieur, garantie de la paix et de la non-intervention à l’extérieur, enfin un idéal de constitution libre, ne pouvant convenir qu’à une nation également idéale. Ce qui manquait à cette constitution, c’était un gouvernement assez fort pour appliquer les lois, pour protéger les droits, pour punir les crimes. La faute de 1791 enfin était renouvelée ici sur une plus vaste échelle, et ce renouvellement, dans un tel moment, condamne d’une manière accablante la perspicacité politique de la Gironde. Aussi l’effet produit sur l’opinion publique fut-il déplorable. La bourgeoisie, pour laquelle toute politique était devenue un objet de dégoût et de terreur, fit à peine attention au projet mais les Jacobins, qui connaissaient le vrai sens de la démocratie, fulminèrent contre des principes qui consacraient l’indépendance des propriétés et l’égalité des droits de tous, même des aristocrates, des hommes d’argent et des autres ennemis de la liberté. « Ce mode d’élections favorise les riches,~ dit Thuriot. « La constitution, s’écria Ilassenfratz, doit aussi offrir au peuple un moyen légal de rejeter ses représentants infidèles. – « D’après ce projet, dit Coutbon, la position des ministres serait si forte, que les patriotes auraient de la peine à les renverser. Tous s’irritèrent donc de ce que Condorcet ne soumettait pas entièrement les classes riches, les ministres et les représentants du peuple aux patriotes, c’està-dire à la populace de la capitale et à ses chefs. On voit que les Jacobins n’entendaient pas par démocratie l’égalité des droits de tous, comme nous le faisons aujourd’hui, mais qu’ils prenaient ce mot dans son sens littéral, le règne exclusif du e~Mo~u dus pauvres. La Convention n’osa pas se prononcer immédiatement; mais ses discussions sur le projet furent si languissantes, qu’on passa trois mois sur le chapitre préliminaire des Droits de l’homme. La faiblesse de la Gironde se manifesta alors dans tout son jour.

En face d’elle, au contraire, les démocrates s’agitaient avec succès. Leur désir de soumettre toutes les propriétés et toute l’organisation de la France à leur volonté, désir qu’ils avaient proclamé une première fois après le 10 août et une deuxième fois au mois de décembre, allait enfin pouvoir se réaliser, grâce à la prépondérance que leur avait récejnment assurée le procès