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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/264

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260 SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

du roi. Depuis qu’à Paris la classe moyenne se tenait éloignée des anaires politiques, les assemblées des sections ne se composaient plus que de quelques prolétaires, qui ouvraient leurs séances à une heure avancée de la soirée, après avoir fini leur travail; tels étaient les représentants de ce peuple souverain dont les décisions, au dire des Jacobins, devaient avoir force de loi pour la Convention. On avait soin de ne jamais manquer’ d’orateurs, pas plus que de ferments de haine et de discorde, et l’on passait ainsi une partie de la nuit à discuter sur l’incapacité des ministres et de la Gironde, .sur les intrigues des émigrés et des traîtres de l’intérieur, surtout sur la misère du pauvre peuple, sur l’inhumanité des riches, sur les moyens d’exterminer les usuriers et les accapareurs. Comme la stagnation du commerce et le grand nombre des assignats avalent considérablement augmenté le prix de la plupart des marchandises, les sujets de plainte étaient nombreux. Le mécontentement était principalement provoqué par la certitude que les denrées ne manquaient pas, et que les marchands n’en demandaient un prix si élevé ou ne les cachaient complètement que par suite du peu de garantie qu’offrait le papier-monnaie. On recommença donc à se plaindre de l’égoïsme qui suçait la moelle du pays, et à demander que l’Ëtat fixât le prix des denrées et en forçât la vente, sous les peines les plus sévères_. Ce fut comme un mot d’ordre qui se communiqua d’une section à l’autre toute résistance était étouffée pardes troupes de fédérés prêts à se battre; Ic,.12 février enfin, on vit paraître à la Convention la première de ces pétitions présentées à main arméu qui devaient signaler d’une manière si terrible l’année 1793. Les commissaires_des sections et des fédérés, soutenus parMarat, demandèrent d’abord une taxe pour le blé (1) mais ils reçurent de la majorité un accueil si défavorable, que les chefs de la Montagne crurent prudent de les désavouer et de les accuser d’être des aristocrates déguisés. Cependant, tandis .que les chefs se tenaient ainsi à l’écart, l’agitation prenait, dans les bas étages duparti, des allures toujours plus tumultueuses. Les (1) Le tarif qu’ils proposaient était si bas, que les écrivains modernes du parti ont déclaré que toute cette scène était l’œuvre d’agents p)’o!)oea~M/’s royalistes. Ils oublient que, quatre semaines plus tard, des taxes semblables furent demandées et en partie obtenues par tous les organes de leur parti.