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CUEHRE ET nn’LOMATŒ EN AVRIL ET EN MAT. 295

décisifs pour le sort de la Belgique mais il est clair aussi que le plan de Custine supposait une immobilité complète des Prussiens sur le Rhin sans cela, le gain de la Belgique eût été peu de chose en comparaison des dangers auxquels on se serait exposé en découvrant les frontières orientales de la France. Cependant, le conseil des ministres entra dans les idées de Custine, et Lebrun chargea ce général de sonder la Prusse pour savoir si le roi, au cas où on lui rendrait Mayence, consentirait à laisser sortir la garnison de cette ville et à conclure une trêve officielle. Une fois sur cette voie, on en arriva bientôt à des projets plus vastes encore. Par suite de la déclaration de guerre. Desportes, le chargé d’affaires de France à Stuttgart, avait été obligé de quitter son poste; mais il avait eu dans cette ville, où l’irritation contre l’Autriche était forte, d’excellentes occasions d’étudier la situation des affaires en Allemagne c’est donc sur lui que le Comité jeta les yeux pour faire une tentative sur la Bavière d’abord, puis, par celle-ci, sur la Prusse. Au mois de février, lorsque Custine occupait encore Deux-Ponts, le ministre du duc, un certain baron d’Esebeck, avait été arrêté par l’ordre du général, sous l’inculpation d’avoir intrigué contre la France; c’est à lui que Desportes s’adressa d’abord, et le pauvre baron, que son emprisonnement avait rempli de terreur, se montra prêt à servir son libérateur. Tous deux décidèrent qu’il fallait avant tout gagner à leur cause l’aîné des fils naturels de Charles-Théodore, le prince de Bretzenheim, puis arracher par lui son père à sa torpeur habituelle, et obtenir que la cour de Munich fît un pas décisif en faveur de la France. Mais, pour que ce projet réussît et produisît des résultats satisfaisants, il fallait que la Prusse ne le contre-carrât pas il importait donc d’exploiter le mécontentement général qu’inspirait l’Autriche, et, au lieu des rêveries révolutionnaires par lesquelles Lebrun avait enrayé le roi en novembre, de lui offrir actuellement des avantages réels, pratiques, véritablement conformes aux idées prussiennes. On possédait pour cela les matériaux nécessaires, on résolut de les employer.

Au commencement de mai, Desportes envoya à Paris un plan dont tous les détails avaient été soigneusement étudiés. En première ligne, il no proposait rien moins que la sécularisation des trois électorals ecclésiastiques, Mayence, Trèves et Cologne,