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CHUTE DE LA GIRONDE. 305

BESYDEL. H."20

une idée du désespoir et de la consternation qui régnaient de toutes parts. On ne s’en tint pas un seul instant aux paroles. Au lieu d’emprisonner, comme autrefois, ceux qui provoquaient au vol, on emprisonnait ceux qui osaient résister aux violences. A Sedan, les commissaires firent arrêter cinquante-cinq personnes en un jour; à Nancy, cent quatre en trois semaines (1) à Arras, plus de mille en deux mois (2) dans le Jura, plus de quatre mille en deux mois égafement(3); ces arrestations avaient lieu partout sans accusation ni enquête il sufïisait, pour y donner lieu, que les incutpés fussent dénoncés comme suspects, égoïstes, ennemis de la liberté. A Lons-le-Saunier, par exemple, tous les nobles furent emprisonnés, ainsi que leurs domestiques (A) à Aix, tous les habitants d’un quartier sans exception (5). Ce sont là des faits pris au hasard sur la longue liste des actes de tyrannie qui s’exerçaient alors dans la France entière. Les habitants des villes et les paysans étaient en proie a une morne stupeur; des millions d’liommes isolés n’osaient résister à la force combinée du gouvernement et des clubs. Au mois d’octobre, la bourgeoisie de Toulon avait encore contraint les Jacobins à remettre sous les ver-’ rous les galériens qui avaient été délivrés au nom de la liberté mais, depuis le mois de janvier, nul n’osait plus résister au club, qui faisait chaque semaine des sorties contre les villages voisins pour les piller et les mettre à rançon ((~). La bourgeoisie, dirigée par des municipalités dévouées à ses intérêts, ne sut se préserver du désordre que dans quelques grandes villes~ telles que Bordeaux et Rouen. A Marseille et à Lyon, elle opposa une résistance opiniâtre aux démagogues dans les assembfées des sections mais elle ne fit par là qu’augmenter leur haine. Challier, à Lyon, se prépara ouvertement pendant tout l’hiver à renouveler les massacres de septembre. Il passait les porteurs de piques en revue sur les places publiques, et leur faisait jurer d’exterminer les aristocrates, les modérés, les accapareurs et les (1) Rapport des commissaires. C. N., 3 mai.

(2) Rorsas, 27 mai.

(3) Sommier (zélé montagnard), ~M<0t’)’e <7M Jura.

(4) Le 10 mai, un autre commissaire se Yante du même fait aux Jaeobius, (5) Rapport des sections de M.tMeiHe, C. N., 25 mai. Robespierre aux Jacobins, 3 avril.

(6) Lauvergnc, /<<’ du ~ff/M~eMM~ du t’a; ·.