Aller au contenu

Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

33~ SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

descendirent afin de garder les portes de la salle. Tous avaient pour r mot d’ordre de ne laisser sortir jusqu’à nouvel avis ni un ministre ni un député. La Convention ne devait pas quitter la salle avant d’avoir livré les condamnés à la Commune et, afin d’empêcher toute délibération dans les sections, les bataillons de la garde nationale, sous le prétexte de protéger l’Assemblée, avaient reçu l’ordre de se ranger le long des quais de la Seine. Dans la salle, la discussion ne s’écarta pas de la question qui dominait toutes les autres. On entendait des corridors le mugissement du peuple et le cliquetis des armes; quelques membres isolés, repoussés aux portes, interrompirent seuls les débats par des plaintes inutiles. Enfin Barére parut avec le rapport du Comité. Pendant que ce rapport était discuté avec une égale défaveur par les deux partis, Lacroix se précipita au milieu de l’Assemblée, les habits déchirés, et hors de lui d’indignation. Lui, l’ami de cœur de Danton, lui qui, jusqu’à l’avant-veille, avait dirigé le mouvement, venait d’être maltraité et repoussé jusque dans la salle. Tous ses amis, les membres du Comité, le centre, la droite, se levèrent d’un commun accord, et Barère demanda la mort du commandant qui avait osé violer la majesté de la Convention. Sur la proposition de Lacroix, l’Assemblée ordonna l’éloignemcnt des troupes, et, sur celle de Danton, le Comité de Salut public fut chargé de faire une enquête sur ce qui venait de se passer. Mais le parti de l’Hôtel de. Ville ne tint nul compte de ces ordres; toutes les issues restèrent fermées. Barère fait alors une dernière tentative il propose que la Convention sorte eri masse, et éprouve elle-même quelle liberté lui est laissée. Une approbation générale accueille cette motion les députés se lèvent aussitôt, à l’exception de cent membres de ]a Montagne environ, qui restent sur leurs bancs avec une indécise curiosité. Les députés arrivent à la porte principale du palais, où ils trouvent Henriot, ivre, à cheval devant une batterie de canonniers démocrates. Celui-ci répond par de grossières injures à l’allocution du président après quelques pourparlers enfin, il crie à ses canonniers. <! A vos pièces, repoussezles » et il refoule ainsi dans le palais la poignée d’hommes qui se nommaient alors les représentants de la France. La Convention se dirige vers le jardin où elle reçoit le même accueil,