Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FIN DU POUVOIR DE DANTON. 333

démagogues leur organe le plus puissant. Grâce A un sacrifice d’argent fait par la caisse municipale et qui calma pour le moment l’agitation populaire, la nouvelle constitution put être promulguée à Paris sans autres difficultés.

Ce résultat fut à tous égards agréable au Comité de Salut public. La majorité de ce Comité se réjouit de l’échec éprouvé par les fauteurs du communisme cependant elle avait pris une trop grande part aux événements du 31 mai pour ne pas souhaiter aussi ardemment que les Jacobins de rallier, en face de la Gironde, la France entière autour de la bannière de la nouvellé constitution, de la Convention et du Comité. Dès le 25 juin, des courriers avaient été envoyés dans toutes les directions pour soumettre la constitution au vote et à l’acceptation du peuple des départements, et bientôt on eut la satisfaction de recevoir des réponses approbatives d’un grand nombre de localités. Quant aux viHos et aux provinces insurgées, il n’y avait naturellement rien a en attendre, et lorsqu’il s’agit de décider quelle conduite on tiendrait à leur égard, les opinions les plus diverses se produisirent.

La majorité du Comité voulait que l’on tentât une réconciliation elle le voulait par toutes les raisons imaginables, par conviction, p&r. horreur pour la guerre civile, par jalousie envers la Commune, par considération pour les affaires extérieures. II n’était que trop certain que, dans les trois quarts du pays, ni les clubs ni les fonctionnaires n’étaient assez forts pour triompher de la bourgeoisie. S’il se décidait pour les mesures violentes, le gouvernement n’avait d’espoir que dans les armées, auxquelles il était facile de prévoir que la bourgeoisie serait hors d’état de résister mais c’eût été la première fois, depuis 1789, que la force armée aurait été tournée contre la nation, et les hommes de la Révolution hésitaient a prendre ce parti. De plus, en employant les troupes à l’intérieur du pays, on ouvrait les frontières à l’ennemi et l’on exposait la France à d’incalculables dangers. Le Comité se décida donc pour les négociations et les voies conciliatrices dans le but de gagner les classes moyennes, il avait proposé à la Convention, le 7 juin, de faire élire légalement un nouveau commandant de la garde nationale à la place d’Henriot, et de dissoudre dans toute la France les comités