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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/345

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FIN DU POUVOIR DR DA’NTON. 341

cuer, on élevait des retranchements en vue même de l’ennemi; à Bouchain et à Rocrny, les fortifications étaient dans un délabrement complet, Cambrai et Lille n’avaient plus que pour quelques semaines de vivres. L’administration de Pache et celle de Bouchotte, ou, pour mieux dire, l’avénement de la Montagne au ministère de la guerre, avait donc dépourvu la plus importante des frontières de tous ses moyens de défense. Comment, en présence de ces faits, peut-on prétendre que, si la Montagne a tyrannisé la France, elle l’a au moins sauvée des attaques de l’étranger? Ce n’est pas tout encore. Grâce aux mesures prises par les Jacobins, l’opinion publique s’était totalement transformée dans ces provinces frontières qui, au mois de mars encore, étaient animées de sentiments si patriotiques. Ce nouveau malheur était dû à la conduite tenue par les commissaires à l’époque du grand recrutement, et à la loi sur le maximum. Ici comme a Paris et a. Lyon, les commissaires, guidés par les clubs, avaient arbitrairement conservé les prolétaires dans les villes et avaient brutalement arraché à leurs affaires les citoyens aisés, pour les envoyer au loin prendre rang dans les bataillons. Quant au maximum, les paysans avaient déclaré qu’ils mangeraient eux-mêmes leur avoine, plutôt que de la donner à si bas prix, et Lille, entre autres, ne fut approvisionnée qu’en juillet, lorsque Carnot, à ses risques et périls, eut décidé que le maximum ne serait pas mis en vigueur. Nulle part les habitants ne considéraient plus l’occupation du pays par les Autrichiens comme un malheur pour -la nation ils y voyaient, au contraire, le seul moyen d’échapper à la ruine et à la famine.

Il est un témoignage a rendre à Custine et au Comité c’est que, dans ces tristes circonstances, ils mirent tout en œuvre pour rétablir l’ordre et la tranquillité. Custine publia le & juin un ordre du jour par lequel il annonçait que les déserteurs, les factieux et les séditieux seraient fusillés (1), et quelques exemples prouvèrent qu’il ne comptait pas s’en tenir aux menaces. Il mon-

(1) Douchottc, )c 1" juillet, blâma ces ordres comme contraires à l’esprit des armées républicaines, disant que l’homme libre ne doit pas imposer ses ordres par la crainte, mais les faire accepter par la confiance. De son côte, Goustine écrivit plusieurs fois qu’il saurait toujours redresser les erreurs d’un ministre ignorant, etqu’it était assez républicain pour ne jamais faire un dieu d’un imbécile, celui-ci fut-il mjnistrc,