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RUPTURE DE LA COALITION. 3M

DE SYBEL. H.2&

RUPTURE DE LA COALITION.

La prise de Mayence et celle de Valenciennes offraient aux alliés les chances les plus favorables pour tenter une attaque décisive contre Paris et l’armée française. Le roi de Prusse, qui avait conclu le 16 juillet une alliance formelle avec l’Angleterre. en vue de combattre la Révolution, brûlait du désir d’en profiter. Il voulait, par de grands coups, mettre fin à cette guerre fatale; après les désastres de l’automne précédent, il tenait à prouver à ses adversaires et au monde entier ce que pouvaient encore les armes prussiennes. Cette impatience inquiétait souvent ses conseillers politiques, qui, pleins de défiance envers Thugut, l’engageaient à rester calme et inactif, et lui représentaient sans cesse l’impossibilité de subvenir aux frais d’une troisième campagne dans l’état où se trouvaient les finances prussiennes (1). Au quartier général du prince de Cobourg cependant, pas une voix ne s’élevait en faveur d’une invasion, par des motifs qui n’ont jamais été bien expliqués. On a parlé de la vieille tactique méthodique, qui défendait de pénétrer dans l’intérieur d’un pays tant que les places de la frontière n’étaient pas prises; on a même donné à entendre que l’Autriche avait voulu prolonger la guerre dans le but d’entretenir en France une anarchie tou-~ jours plus grande, au lieu de chercher à y restaurer les Bourbons. Ce qui est certain, c’est que Cobourg avait peine à se décider en faveur des mesures hasardées et périlleuses, et que Thugut ne ressentait pas là moindre sympathie pour les émigrés français; mais le gouvernement autrichien désirait la fin de cet~e lutte ruineuse tout autant que le gouvernement prussien, et les vieux tacticiens savaient fort bien que, dans certains cas, la défaite des armées et la prise de la capitale peuvent amener la chute des places de la frontière, tout autant que la conquête de ces places (1) C’était déjà ce qu’avait fait le ministère en juillet, pendant les négociations relatives au traité conclu avec l’Angleterre, traité contre lequel il s’était énergiquement prononcé.