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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/378

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Ï7& SUSPENSION DE LA GUERRE DE LA COALITION.

égale, en présence d’un ennemi qui, au contraire, concentrait ses troupes. Soit mépris pour les armées françaises, dont on connaissait l’indiscipline, soit manque de hauteur dans les vues, soit molle résignation fondée sur la certitude qu’en aucun cas on ne pourrait réussir, on laissa Kilmaine s’établir ~ns obstacle derrière la Scarpe, renvoya York contre Dunkerque a~ec trentecinq mille hommes, et l’on se disposa à assiéger Le Q~snoy, au moment même où, sur le Rhin, les attaques des Allemands étaient exclusivement dirigées contre l’Alsace Il semblait que l’on ne songeât qu’à inspirer aux Français la pensée d’employer l’armée de la Moselle à renforcer Kilmaine. Nul ne saurait nier que jamais l’histoire n’a présenté un semblable enchaînement de fautes politiques et militaires.

Sur le Rhin donc, d’après le projet de Waldeck, Landau devait d’abord être bloquée d’un côté par les Prussiens, et de l’autre par Wurmser. Le quartier général des Prussiens était d’autant moins favorable à ce nouveau plan, que Lehrbach semblait annoncer comme positives de nouvelles négociations au sujet de la Bavière; cependant on ne voulut pas le rejeter tout à fait et l’on se borna à proposer une modification aux dispositions stratégiques qui y étaient indiquées. Il y avait lieu de craindre que, si la masse des forces prussiennes abandonnait complètement les montagnes pour se diriger vers Landau à travers les plaines du Rhin, l’armée de la Moselle ne les prît à dos par Kaiserslautern et ne menacât de nouveau Mayence. En conséquence, Brunswick proposa de tenir l’armée de la Moselle. en échec au moyen d’un corps détaché, et de s’emparer lui-même, avec les forces principales, de la solide position de Pirmasenz, sur le sommet des Vosges, où, placé entre les deux armées françaises et ayant à ses pieds, à droite les trois camps de l’armée de la Moselle, à gauche la longue ligne de l’armée du Rhin, il serait également en mesure de fondre sur la première avec son aile droite, ou de tourner la seconde par la vallée de la Lauter, sur l’aile gauche des lignes de Vissembourg. Le 13, en effet, il s’empara de cette position avec un plein succès. Deux camps de l’armée de la Moselle, composés presque exclusivement de paysans du Landsturm qui avaient amené leurs femmes et leurs enfants dans les retranchements, se dispersèrent aux premières