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RUPTURE DE LA COALITION.. 875

démonstrations du corps prussien chargé de la fausse attaque, et le 17, Brunswick lui-même emporta d’assaut la hauteur du Kettrich, près de Pirmasenz, repoussa les Français qui tentaient de reprendre cette position, et s’établit définitivement sur ce large plateau bpisé. Malheureusement, Wurmser lui offrit en ce moment un prétexte plausible pour suspendre l’offensive. D’après le plan de Brunswick, Wurmser aurait dû rester dans le voi- sinage de Landau, tout prés des montagnes; au lieu de cela, il se tourna tout à coup vers le Sud et le Rhin, conformément au premier plan de Waldeck, passa devant Landau et repoussa un corps français hors du Bienwald, jusqu’au pied des lignes de Vissembourg, dégarnissant ainsi le flanc gauche des Prussiens. Le roi, très-mécontent, somma Wurmser de reculer, et la correspondance qui s’établit à ce sujet irrita tellement Frédéric-Guillaume, qu’il adressa enfin à Vienne une accusation formelle contre le général autrichien. Mais le comte Lehrbach arriva précisément alors au quartier général, et aussitôt les mésintelligences militaires s’effacèrent devant de profondes dissensions politiques.

Nous avons dit plus haut que Thugut, dès son entrée au ministère, avait pris pour base de son système le rétablissement des relations de confiance et d’amitié qui avaient existé jadis entre e l’Autriche et la Russie (1). Il avait plusieurs fois offert à Catherine de revenir sans restriction à la politique de Joseph If, à la condition que l’impératrice s’opposerait à l’extension de la Prusse et assurerait une augmentation de territoire à l’Autriche, indépendamment d’une partie plus ou moins considérable de la Pologne. Toutefois, il refusait de se prononcer au sujet de la province objet de ses convoitises. H voulait que la Russie formulât ses offres, et désirait surtout attendre l’issue des négociations entamées à Grodno; mais il ne put persister longtemps dans cette réserve. Les ministres russes déclarèrent au comte Cobenzel, l’ambassadeur d’Autriche, que le changement de politique de’ l’empereur les remplissait de joie et qu’ils feraient tous leurs efforts pour contenir dans de justes limites l’avidité de (1) Ce qui suit est tiré de~cnrresnnnd.’mce d~u’matiqm’de Thugut avec les cabinets de Saint-Petersbuut’g et de Londres. Voyez aussi les lettres de sir Murton Pdcn à lurd Grenville, des i9 juin et 3, 7, 31 Mut.