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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/380

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’376 SUSPENSION DE LÀ GUERRE t)E LA COALITION.

la Prusse à l’égard de la Pologne mais en demandant toujours que l’Autriche accédât au traité du 23 janvier et s’expliquât sur ce qu’elle désirait pour elle-même, afin que la situation fût nettement dessinée. D’un autre côté, le gouvernement anglais insistait pour qu’un but bien déterminé fût assigné à la guerre entreprise en commun. 11 s’opposait de plus en plus à l’échange bavarois. mais il y offrait de garantir à l’empereur un accroissement de territoire aux dépens de la France, soit en Flandre, soit en Alsace. A Vienne, les deux Colloredo penchaient pour l’adoption de ce système, qui devait assurer à l’Autriche le puissant appui de l’Angleterre. Sur leurs instances, Thugut adressa donc à lord Grenville, vers le milieu de juin, une déclaration ministérielle dans laquelle le renoncement de l’Autriche à l’échange bavarois était clairement formulé, bien qu’il se proposât toujours en secret d’arriver à acquérir la Bavière en offrant l’Alsace à l’électeur au lieu de la Belgique. Il insista en outre de la manière la plus pressante pour que le cabinet de Londres gardât un, silence absolu sur ce nouvel arrangement, sous le prétexte que le roi de Prusse, par jalousie envers l’Autriche, ne consentirait pas à laisser affaiblir la France du moment qu’il ne serait plus dominé par la terreur que lui inspirait le projet d’échange’ La Prusse avait pourtant déclaré le 10 juin qu’elle ne s’opposerait pas à ce que l’Autriche s’agrandît aux dépens de la France; mais elle y avait mis pour condition que le cabinet de Vienne souscrirait au partage de la Pologne, et c’est parce que Thugut était fermement résolu à ne pas céder sur ce point qu’il voulait éviter de se prononcer vis-à-vis de la Prusse.

Cependant il fallait s’occuper des opérations de guerre. Le roi de Prusse demandait toujours plus instamment qu’on adoptât un plan de campagne et qu’on réglât la question des indemnités. Thugut se décida alors à envoyer au quartier général prussien l’ambassadeur d’Autriche à Munich, le comte Lehrbach, moins pour y provoquer une décision que pour « amuser le tapis par de vaines négociations, comme on l’écrivait de Saint-Péters.) bourg (1), jusqu’à ce que l’Autriche et la Russie fussent complètement d’accord. Lehrbach devait d’abord se rendre a Munich, (1) ThugutàCobourg, 10 juin, 21 septembre.