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COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAJSE. 1 1 ’II

gênerai Dumouriez Pache et Vincent connaissaient son penchant irrésistible pour la haute politique ils savaient que, sous ? direction, l’armée ne resterait pas longtemps un passif instrument des idées de Chaumette et de Marat; iis comprenaient qu’une armée habile et confiante en sa propre force est incompatible avec le gouvernement populaire, et, plus les grandes capacités de Dumouriez se manifestaient, plus ils se fortinaient dans le dessein de le renverser avant tous les autres. L’administration matérielle de l’armée, liée d’ailleurs si étroitement au plan politique de la guerre, leur offrit les premières armes contre lui. L’intention de Dumouriez était de tout payer Comptant en Belgique, d’assurer avant tout, à force d’ordre et de modération, le bien-être du pays, et par conséquent celui de son armée, et d’attendre la fin de la guerre pour régjer l’ensemble des frais avec la république belge. Mais le système des ministres se trouvait en contradiction directe avec ces projets les uns voulaient jouir aussitôt que possible des trésors de laBeIgique; les autres, plus modérés, ne voulaient pas laissser sortir de France le moindre argent, mais placer le papier français à l’étranger. Les bureaux de Pache se plaignaient de ce que Dumouriez cherchait à créer en Belgique une adminis~ tration particulière et indépendante; les ouvriers de Paris déclaraiént que c’était une trahison que de leur ôter le bénéfice que leur procurait l’équipement de l’armée. Cambon et Clavière se, trouvant en cela complètement de l’avis des Jacobins, on résolut, en dépit des représentations de Lebrun, d’attaquer dans leur racine les plans du général. Les contrats qu’il avait passés avec la Belgique furent cassés, ses commissaires furent arrêtés et mis en jugement, et on institua à leur place un comité chargé des achats destinés à l’armée; les directeurs de ce comité, qui siégeait à Paris, étaient Bidermann, membre du Conseil de la Commune, et un juif alsacien, nommé Cerf-Beer. Ils avaient pour mission de s’occuper de toutes les fournitures nécessaires aux armées françaises, et de n’y employer, autant que possible, que des ouvriers français, if en résulta que le blé belge était envoyé à Paris pour y être moulu et cuit, et renvoyé ensuite à l’armée de Belgique, que l’armée du Rhin reçut une granda livraison de souliers, coûtant de 8 à 4 2 livres la paire, dont les semelles étaient en carton, et que la