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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/417

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FIN DE LA CAMPAGNE DE 1?9~. At3

des armées, c’est-à-dire a en expulser les officiers qui, par leur naissance ou leurs opinions, portaient ombrage aux nouveaux gouvernants. IL no servit à rien au général Kilmaine d’avoir conduit adroitement, et heureusement l’armée du Nord derrière la Scarpe « Il n’est pas né en France, dit un commissaire, jamais il ne nous appartiendra du fond du cœur. » « Il a dégarni la route de Paris pour couvrir les districts de la frontière, dit un autre, il est clair qu’il a des intelligences avec Cobourg. » Pendant sa mission à l’armée du Nord, Billaud-Varcnnes destitua et fit arrêter six généraux en un jour; Honsin, dans une tournée semblable, dénonça quatre généraux et dix-sept officiers supérieurs comme aristocrates, nobles ou étrangers, trois titres également odieux aux patriotes. La plainte d’une municipalité, d’un club, quelquefois même d’un seul patriote, suffisait pour renverser un général. Oméara, par exemple, commandant de Dunkerque, fut immédiatement suspendu par Boucliotte, sur l’accusation d’un chirurgien démocrate. Les troupes perdirent ainsi d’un seul coup tous leurs anciens chefs. Plus de sept mille officiers furent enlevés à l’armée du Rhin en quelques semaines il n’était donc pas étonnant que la discipline se relâchât complettement et que les désordres de toute nature fussent à l’ordre du jour. A la moindre tentative de répression, les gens des clubs s’écriaient que l’on maltraitait leurs frères; une haine irréconciliable régnait entre les troupes de ligne et les volontaires- les munitions manquaient de toutes parts, attendu que les magasins de l’armée servaient à nourrirle peuple de Paris; ennn,pourauo-menter la confusion, la levée en masse faisait affluer dans les camps des bandes de paysans, des émissaires parisiens répandaient, et lisaient aux troupes les feuilles d’Hébert et de ses amis, des révoltes éclataient dans les régiments, les soldats se plaignaient de la trahison de leurs officiers qu’ils accusaient de recevoir l’or de l’Angleterre, et, en même temps qu’ils perdaient l’habitude de la discipline, ils perdaient aussi leur force et leur confiance en eux-mêmes. Tout en se plaignant de ce qu’on les faisait sans cesse revenir en arrière, ils jetaient bas leurs armes à la première alerte, et se dispersaient en désordre (J). C’est (1) Dépêches des archives dmninistere de la guerre.