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~20 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

mise par les Francais en ne dirigeant pas aussitôt leurs principales forces contre Leyzeele, ce jour fut pour la France d’une importance immense. Les alliés avaient perdu quatre mille cinq cents hommes; il était impossible que leur corps, réduit à onze mille hommes tout au plus, se maintînt à Furnes si l’ennemi l’y attaquait sérieusement, et, .une fois ce point abandonne, tout était perdu pour le duc d’York. Cependant, les Français avaient aussi considérablement souffert; leurs troupes, quoique victorieuses pendant trois jours, étaient dans la plus grande confusion la plupart des soldats, malgré tous les ordres des officiers, ne songeaient qu’à piller les villages dont ils venaient de s’emparer (1). Le but politique était atteint sans doute, Dunkerque était délivrée dès le 7, une division de l’armée française était entrée dans cette ville; mais Houchard voyait devant lui, entre Hondschoote et Furnes, une plaine marécageuse et en partie inondée, que l’on ne pouvait traverser que sur une étroite chaussée semblable à celle qui avait donné accès au sanglant champ de bataille de la veille, et, avec l’hésitation qui lui était habituelle, il ne put se résoudre a s’engager immédiatement sur ce terrain inconnu. Carnot, d’ailleurs, lui avait recommandé dans sa lettre du 5 de ne tenter aucune action décisive sans être pleinement assuré du succès. Il s’arrêta donc, malgré les instances des commissaires de la Convention. Le duc d’York gagna par là vingt quatre heures précieuses, dont il profita pour s’éloigner de Dunkerque sans autre perte que celle de trente-deux pièces de canon, et pour réunir à Furnes toutes ses forces, qui se montaient encore à trente mille hommes environ.

Houchard se montra alors moins disposé que jamais à diriger de nouvelles attaques contre le duc; son caractère se dessine pleinement dans une lettre qu’il écrivit le 10 à Bouchotte. Après lui avoir annoncé sa victoire, il continue « Que vais-je faire maintenant? J’y ai beaucoup réfléchi. Je ne crois pas devoir marcher sur Furnes, à cause de la force de l’ennemi et des dangers que présente le terrain. Il vaut mieux que je reste ici (1) « Je n’avais plus avec moi que vingt millf; hommes ’), dit Houchard dans son interrogatoire. Le 16 septembre, Levasseur écrivait au Comité de Salut public qu’après la prise de chaque village, tous, même les officiers, se mettaient immédiatement à piller.