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M8 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

grande échelle; quatorze mille ouvriers y furent peu à peu occupés, et bientôt des rues et des places entières ne présentèrent plus que des amas de décombres. Les exécutions se continuèrent encore pendant quelques jours dans les anciennes proportions mais à peine Ronsin et ses bandes furent-ils arri" vés, le 15 novembre, qu’on institua un nouveau tribunal révolutionnaire, chargé de condamner les coupables sans aucune formalité. Collot d’Herbois écrivait alors à Robespierre « Il n’y a a’innocents ici que ceux qui étaient déjà en prison lors de la révolte. » Le A décembre, les exécutions en masse commencèrent au moyen d’un feu de mitraille. Quatre cent quatre-vingt-quatre personnes périrent dans sept de ces affreuses boucheries, et cent une autres furent guillotinées pendant le mois de décembre quant au département, les évaluations les plus modérées portent le nombre des exécutions qui y eurent lieu à seize cents et les autres à six mille (1). Il n’était plus question d’enquête d’aucun genre, les passions personnelles ou locales présidaient seules au choix des victimes, le pillage le plus scandaleux accompagnait les assassinats. Tout négoce et toute industrie avaient disparu de la ville, l’agriculture avait abandonné les campagnes; des menaces de mort purent seules, au printemps suivant, forcer les paysans à travailler leurs champs. Les troupes de ligne voyaient ces excès des bandes parisiennes avec une sourde colère qui finit par ~iiener des rixes violentes. Les rapports les plus alarmants furent adressés à Paris à ce sujet, mais Collot d’Ilerbois ne s’en laissa pas effrayer; il continua ses arrestations, ses spoliations et ses meurtres avec une fureur toujours plus ardente. Quant à sa personne, il l’entourait d’une pompe tout orientale et d’un cérémonial souvent brutal. Ce n’était qu’après l’avoir sollicitée trois fois qu’on parvenait à obtenir de lui une audience une longue suite d’antichambres précédaient son salon de réception; là, le solliciteur devait s’arrêter à quinze pas de distance de sa personne deux grenadiers armés, toujours placés à ses côtés, surveillaient (1) La commission révotntionnaire de Lyon écrivait la Commune de Paris (procès-verbal du 22 floréal) qu’elle avait fait exécuter seize cent quatre-vingt-quatre coupables, mis en liberté seize cent quatre-vingt-deux innocents, emprisonné cent soixante-deux suspects. Cadiltot, au contraire,-écrivait a Robespierre (papiers de Robespierre, 11, p. 143) que six mille hotnmes et non seize cents avaient été mis à mort par l’ordre de Collot d’Herbois.