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~gg RÈGNE DE LÀ’TERREUR’EN FRANCE.

c Pourquoi devons-nous obéir à de tels coquins? )) Du reste, il mourut bientôt après, emporté par une fièvre chaude, et Bouchotte se bâta de rendre le commandement à son digne ami Ros’signol. Le Comité de Salut public ratifia cette nomination, satisfait pour le moment d’avoir, sur une étendue de plusieurs lieues, transformé la Vendée en une vaste solitude couverte de débris fumants. Rossignol, de son côté, déclara que les hommes animés de sentiments d’humanité .faisaient le malheur des révolu’tions. En attendant, le pays était ouvert de tous côtés à l’armée victorieuse des royalistes.

Pour bien comprendre quelles conséquences aurait pu avoir cette position des Vendéens, il faut songer aux sentiments qui animaient les paysans bretons, au voisinage de la flotte anglaise, et à la possibilité d’une jonction avec York et Cobourg. Ce qui perdit les Vendéens, ce fut la suite énorme qu’ils traînaient après eux et qui ralentissait tous leurs mouvements, la grande jeunesse de leur chef, qui nuisait à son autorité, et les divergences d’opinions qui divisaient sans cesse leur conseil de guerre. On hésita à Lavai pendant toute une semaine entre divers plans d’attaque contre Rennes, Paris et la Normandie, et enfin l’on s’arrêta au siège de la petite ville de Granville, pour s’assurer par là un moyen de réunion avec les Anglais. L’attaque ne commença donc que le l~t novembre; les Vendéens furent défaits et repoussés dans tous leurs assauts, et un tel découragement s’empara d’eux que Larochejaquelein se vit contraint de battre en retraite après deux jours de combat les paysans demandaient à si grands cris et avec une telle exaspération, à être ramenés en Vendée, qu’il devenait impossible de les diriger sûrement. Quant a Rossignol, qui s’approchait avec les armées réunies de l’ouest et de Cherbourg, il croyait déjà avoir enfermé.les rebelles près de Dol, entre les marais de la côte et les vagues de l’Océan, lorsque, le 22, il se laissa surprendre à Antrain, ce qui amena la plus sanglante de toutes les défaites qu’ait produites cette guerre. Les Vendéens, quoiqu’ils fussent affaiblis par leurs victoires mêmes et qu’ils vissent leurs rangs s’éclaircir chaque jour par suite des fatigues d’une campagne d’hiver, purent traverser la Bretagne en toute sécurité, regagnèrent la Loire à Angers, et se disposèrent à conquérir cette ville, qui leur offrait un passage assuré. Mais