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LUTTES DE PARTIS ENTRE LES JÂCOBÎNS. &?!

poussant les tyrans à s’en tre-détru ire, brisa les chaînes du peuple asservi.

Philippeaux, député de la Sarthe, avait toujours appartenu aux Montagnards les plus ardents il avait voté la [mort du roi, la proscription de Dumouriez et la toute-puissance du tribuaàl révolutionnaire mais, envoyé en Vendée en qualité de commissaire, il avait vu de près les crimes et les excès de Rossignol et de Ronsin, et il s’était hâté, après les échecs de septembre, de revenir dénoncer ces deux hommes à la Convention, au club, au Comité de Salut public, comme les auteurs de tous les désastres. Les anciens adversaires de Rossignol, Bourdon de l’Oise, Goupilleau, Westermann, se joignirent à lui. Le Comité de Salut public, qui considérait en quelque sorte Rossignol comme sa créature’ repoussa d’abord ces attaques avec un dédain calme et même menaçant. Danton, avec lequel Philipeaux était intimement lié venait de se marier et était allé jouir loin de Paris des premiers instants de son bonheur conjugal; son absence n’arrêta pas Philippeaux, qui ne perdit aucune occasion pour renouveler ses plaintes. Il s’attira par là à son tour les accusations de quelques commissaires près de l’armée de l’ouest; liés avec Ronsin mais bientôt plusieurs circonstances se réunirent pour assurer au moins l’impartialité du Comité de Salut public entre loi et ses adversaires.

Les événements qui se succédèrent avec une si grande rapidité sur les bords de la Loire ne tardèrent pas, en effet, à confirmer ses assertions. Lorsque les Vendéens eurent passé le fleuve, la Comité commença à douter sérieusement de l’habileté des instruments qu’il avait employés jusque-là, et il envoya deux de ses membres, Jean Bon Saint-André et Prieur, pour examiner la si tuation et stimuler Rossignol. Ailleurs, les amis de Bouchotte ne se montraient pas sous une lumière plus favorable. Carteaux se chargeait chaque jour de plus de honte, et d’opprobre devant Toulon, dont le Comité attendait la chute avec une douloureuse anxiété Couthon lui-même revint de Lyon rempli d’irritation; et prêt à soutenir toutes les plaintes qui arrivaient de cette ville contre les cruautés de Collot d’Ilerbois et de Ronsin. A Paris, quoique la guillotine ne se reposât pas un seul instant, une impression inquiétante commençait à se manifester dans la