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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/63

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BRUXELLES. – FRANCFORT. – LONDRES. 59

part au gouvernement. Vous ne pouvez tolérer une position neutre tout peuple qui ne veut pas être complétement libre est votre ennemi; partout où nous paraissons, il faut que nous nous constituions en puissance révolutionnaire. Mettons en gage les biens de nos ennemis, continua-t-il, c’est-à-dire de tous les tyrans, des prêtres, des nobles, des corporations et des riches égoïstes, pour nous couvrir plus tard des frais de la guerre. Soulageons le pauvre peuple en abolissant tous les impôts, et remplaçons ceux-ci au moyen de notre trésor, c’est-à-dire de nos assignats, qui, trouvant une nouvelle hypothèque dans les biens confisqués et un débouché sûr dans les pays occupés par nos troupes, nous épargneront de coûteux achats de numéraire pour entretenir nos armées. r

La Convention accueillit ces propositions avec enthousiasme. Robespierre et ses amis, qui s’occupaient peu des affaires de la guerre, s’y montrèrent indifférents, sinon hostiles; quant aux amis de Danton, ils représentèrent le danger qu’il pouvait y avoir à effrayer les peuples voisins, mais ce fut en vain ils subirent les conséquences des théories qu’ils avaient prêchées jadis, et la masse des ministériels rendit avec une fiévreuse impatience le décret suivant

« Partout où entreront les troupes françaises, tous les impôts, les dîmes, les priviléges seront abolis; toutes les autorités existantes seront supprimées; des administrations provisoires seront ` organisées par le vote universel, les biens du gouvernement déchu, des castes privilégiées et de leurs partisans seront placés sous la protection francaise; des commissaires de la Convention et des commissaires du gouvernement seront envoyés pour fraterniser avec le peuple, et pour s’occuper d’assurer la subsistance des troupes françaises. D

Ce décret n’a pas besoin de commentaire. Partout où il allait être mis à exécution, il impliquait tout à la fois la soumission du pays à la domination parisienne, et le renversement de toutes les institutions nationales; la confiscation devenait le lot des classes riches, et les prolétaires eux-mêmes se trouvaient atteints par la dépréciation toujours croissante des assignats. Aussi, de toutes parts, un cri d’indignation et d’effroi répondit-il à ces mesures. Les provinces belges protestèrent énergiquement; les patriotes