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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/70

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66 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

sion de toutes _ces pièces fût nécessaire, et qu’ils les avaient réunies aune serte considérable d’autres documents. Les papiers de l’armoire de fer n’offraient donc aucune garantie d’authenticité mais la Convention, inaccessible à de tels scrupules, les accepta parmi ses preuves et en fit imprimer une partie, après les avoir choisis avec soin; par là, elle acheva de convaincre les basses classes de Paris de la trahison de Louis XVI. L’irritation allait toujours croissant, et l’on pouvait déjà regarder comme douteux que le gouvernement fût maître de décider de l’issue du procès. Les Jacobins s’agitaient avec un redoublement d’ardeur, et quoique l’examen des pièces de l’armoire de fer eût interrompu pendant une semaine les discussions relatives au procès, les démocrates parisiens étaient tellement sûrs du succès, qu’ils osèrent, sur une des questions les plus importantes, déployer de nouveau la bannière qui avait protégé leur domination au commencement de septembre. Je veux parler de la question sociale, dont ils se servirent pour menacer les propriétés de tous les Français, avec la même omnipotence politique qui tenait l’épée suspendue sur la tête du roi.

De fâcheuses nouvelles reçues de Lyon avalent déterminé la Convention, à la fin d’octobre, à ordonner une enquête générale sur les subsistances. Le 3 novembre, Fabre (de Montpellier) présenta un rapport au nom du comité du commerce et de l’agriculture. Il insista d’abord sur ce fait important que le blé ne manquait pas, et que la disette n’était causée que par la stagnation du commerce. En recherchant quelles étaient les causes de cette stagnation, il ne parla pas de l’absence générale de sécurité, mais il accusa deux grandes conspirations, celle des accapareurs qui pressuraient le peuple, et celle des ennemis de la liberté qui voulaient le subjuguer par la faim. En conséquence, il proposa d’enchaîner ces perturbateurs de la prospérité publique par des rigueurs et des règlements toujours plus révères, et d’obliger chaque citoyen, sous peine de châtiments terribles, à livrer ses provisions et à les vendre pour subvenir aux besoins du peuple. De cette dernière mesure au droit conféré au peuple souverain de fixer lui-même au vendeur le prix de ses denrées, il n’y avait plus qu’un pas, et l’on devait bientôt en arriver ainsi à s’emparer de tous les biens des classes possédantes.