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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/71

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PROCÈS DE LOUIS XVI. 67

Ces propositions furent discutées avec la même passion que celles qui concernaient le sort de Louis XVI; les débats acquirent même une violence toute particulière, par suite des nouvelles toujours plus menaçantes qui arrivaient des départements. Partout les rassemblements, surtout ceux des paysans, devenaient plus fréquents et plus graves. Le comité des Snance?, pressé par Clavière, résolut à cette époque de supprimer le traitement du clergé catholique, et d’épargner ainsi 70 millions par an à l’État. « Celui qui veut un prêtre, dit Cambon, n’a qu’à le payer de ses deniers, s Mot fatal, qui mit le clergé constitutionnel lui-même en hostilité complète avec le gouvernement révolutionnaire. Dés lors on vit, à côté des bandits de septembre, des curés en cheveux blancs à la tête des masses révoltées; le poignard et la croix se réunirent contre les autorités et les propriétaires. Des marchandises de tout genre furent taxées à Chartres, à Courville, à Blois, à Beaugency, à Orléans; les grains, le froment, le beurre, les œufs, furent arrachés à vil prix à leurs possesseurs, et lorsque ceux-ci refusaient de les livrer, le vol était accompagné de menaces de mort. Partout les masses demandaient à grands cris le partage des champs ou la réduction des fermages les commissaires du gouvernement, soit qu’ils fussent sans moyens d’action, soit qu’ils partageassent les idées des Jacobins, ne savaient nulle part faire respecter la loi. Sous l’impression de ces nouvelles, et assuré, grâce au procès du roi, que l’excitation augmenterait toujours à Paris, le parti de septembre osa enfin produire ouvertement son programme communiste. Beffroi déclara à la Convention que les objets de première nécessité ne pouvaient être considérés comme de légitimes propriétés; que le premier devoir de l’État était de faire cesser la tyrannie des capitalistes, laquelle pesait plus lourdement encore sur le pauvre peuple que ne l’avait fait jadis celle des seigneurs. Avant tout, l’orateur signala un fait qui nous est connu, mais qu’il ne s’expliquait qu’en l’attribuant à de vastes complots, c’était que la vente des biens du clergé n’avait pas augmenté le nombre des petites propriétés, mais bien celui des grandes terres; il somma la Convention de faire cesser cet abus par des mesures rigoureuses, de défendre, par exemple, que le même individu possédât plusieurs fermes, d’annuler les contrats qui consacraient de telles possessions, et de limiter