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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/90

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86 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

vaines. Ce fut donc en face de ces préparatifs d’armement en faveur de la révolte que s’ouvrit à la Convention le vote qui devait décider du sort de Louis XVI.

Des le 13, on avait discuté l’ordre des questions qui devaient être posées. La Gironde voulait mettre en première ligne la question d’appel au peuple, et la Montagne voulait la reléguer au dernier plan; enfin Fonfréde obtint qu’on s’occuperait d’abord de la question de culpabilité, puis de l’appel, et ensuite de la peine. C’était se rapprocher de ce que voulait la Gironde, mais non dans son intérêt, comme on le vit bientôt. Après que la Convention eut déclaré presque à l’unanimité que Louis XVI était coupable de haute trahison, deux cent quatre-vingt-trois membres votèrent pour l’appel au peuple, et quatre cent vingt-quatre se pronom cèrent contre. Cent au moins de ces derniers ne voulaient pas faire couler le sang du roi, mais ils se réservaient de voter favo~ rablement quand il serait question du. châtiment (1); les uns étaient mus par un esprit d’opposition aux plans que la Gironde rattachait aux Assemblées primaires, les autres redoutaient les démagogues parisiens, qui avaient déclaré que l’appel était le comble de la trahison. Sur ce point donc, la défaite des Girondins fut complète, et elle leur fut d’autant plus sensible qu’un nombre e considérable de leurs adhérents avaient voté avec leurs ennemis. Les Jacobins se préparèrent alors avec un redoublement d’ardeur à la dernière lutte, celle qui devait avoir la peine de mort pour objet; ils savaient que le rejet de l’appel n’impliquait pas encore un succès définitif, et ils t’assemblèrent toutes leurs forces pour bannir de la Convention tout dernier vestige d’indépendance et de courage. Ils répandirent de divers côtés le bruit que les barrières de la ville allaient être fermées, les massacres des prisonniers renouvelés, et la Convention anéantie en même temps que Louis XVI, si elle s’opposait à la justice du peuple (2). Il n’avait jamais manqué de semblables menaces, mais celles-ci acquirent un poids immense par ce fait qu’en ce moment même la Gironde perdit la seule arme défensive qu’elle possédât tous les fédérés passèrent du côté des démocrates parisiens. Tout espoir (1) Moore, Journal, p. 574.

f2) Rapport du maire à la Commune, 16 janvier « J’ai tout lieu de considérer ces bruits conune fondés H, ajoutait-il.