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Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/98

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~4 COMMENCEMENT DE LA Gt)ËRRE_ANOLM%ANÇAISE.

croira â leur désintéressement. m.)is, ce qu’il y a de certain, c’est que leur conduite les rendit odieux au pays conquis. Comme ils connaissaient l’aversion des Belges pour l’incorporation, et que, d’après Dumouriez, il pouvait être dangereux d’employer la violence, ils s’appliquèrent systématiquement à introduire le trouble et le désordre dans l’état de choses existant, ne laissèrent aucune autorité debout, désorganisèrent toutes les administrations, qui venaient précisément d’être reconstituées, et y appelèrent de sincères sans-culottes, comme étant seuls dignes de posséder le pouvoir. A Liège, Danton reprocha amèrement à l’assemblée du peuple de n’avoir pas encore fait exécuter un seul traître; à Bruxelles, ses agents ameutèrent le peuple contre le Conseil de la Ville; partout le mot d’ordre patriotique était la réunion à la France. De toutes parts, cependant, la population résistait a ces projets avec une fermeté remarquable. Ce ne fut pas le parti impérini, peu considérable d’ailleurs, qui se distingua le plus en cette circonstance la noblesse et le clergé étaient trop effrayés pour oser se mettre en avant; quant aux paysans et aux prolétaires des villes, tous bons catholiques et menés par leurs prêtres, ils se tenaient sur la réserve et se contentaient de murmurer tout bas; mais le sentiment de la bourgeoisie sé manifesta énergiquement. De braves artisans, des maîtres ouvriers très-respectables, des marchands pleins de patriotisme, qui tout d’abord, par haine contre l’Autriche, s’étaient précipités èii foule vers les nouveaux clubs jacobins, y élevèrent alors hautement la voix; et quand on voulut étouffer leur résistance, ils abandonnèrent les clubs en masse et menacèrent de réduire à néant ces instruments indispensables aux Français. Il ne resta alors aux commissaires, pour conserver au moins l’apparence d’agir selon la volonté populaire, d’autre ressource que de remplir les bancs vides des clubs au moyen du rebut des bataillons français et des volontaires les plus indisciplinés, qui, s’érigeant en peuple souverain, demandèrent à l’envi, au nom de la nation, la réunion des villes belges à la France. On en était là lorsque parut le décre. du 15 décembre, qui conférait aux commissaires les pouvoirs les plus despotiques. Dumouriez frémit de colère, mais sa fureur était impuissante. Il résolut d’aller lui-même à Paris pour demander la révocation du décret en attendant, il conseilla de