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COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE. 95

nouveau aux Belges de concentrer tous leurs éléments épars de résistance; puis, comme le décret ne parlait que des pays qui ne s’étaient pas encore donné de constitution définitive, il les engagea à élire sur-le-champ une représentation nationale, une Convention belge, qui/tout en reliant entre elles les forces séparées des villes et des provinces, pût soustraire le pays à l’action du décret par la promulgation d’une constitution républicaine. On n’eût pas réussi par là à mettre obstacle à la volonté du gouvernement français; mais on n’en fit pas même la tentative, car la plupart des Belges, dans leur attachement pour leurs anciens droits nationaux, repoussaient toute idée de Convention.

A Bruxelles, les sections se réunirent cependant dans le but qui leur était proposé; mais, sur vingt et une, dix-sept éliront les partisans les plus déclarés de l’ancien régime, qui furent emprisonnés sans façons par les Jacobins, les sans-culottes, ou plu- tôt les M~M-c~MM, comme les appelait un de leurs chefs dans cette ville. On en resta donc là, et, depuis lors, il ne fut plus question de Convention nationale en Belgique. Dumouriez avait perdu toute faveur auprès des gens qui étaient alors au pouvoir à Paris on ne faisait plus attention àses menaces de démission il n’était pas en position de tenter un coup décisif contre Pache, et après un entretien qu’il eut avec Cambon au sujet du décret du 15 décembre, il se vit sèchement éconduit par l’irascible et présomptueux député. L’incorporation de la Belgique était et resta résolue. C’était porter le coup le plus sensible aux bonnes relations qui avaient existé avec l’Angleterre. Les choses se passaient généralement auxvm° siècle comme de nos jours: l’agrandissement d’une puissance ne trouvait jamais les autres puissances indifférentes. Les tentatives de ce genre étaient beaucoup plus fréquentes, attendu que la morale publique était moins délicate qu’elle ne l’est devenue à la rude école de la Révolution. Quelques-unes de ces tentatives réussirent, parce que certains États avaient encore à acquérir par la lutte la position à laquelle ils étaient appelés par la nature des choses dans le système européen, mais aucune n’eut lieu sans combat et sans secousse. Si le premier partage de la Pologne ne provoqua pas de résistance de la part des puissances occidentales, le véritable motif en fut l’impossibi-