Page:Sylvain - En flânant dans les portages, 1922.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

EN PRÉPARANT SES LIGNES

L’épuisette bien immergée, dissimulée le long du rocher, vous approchez lentement votre truite, la perche tenue haute et ferme, laissant au fin bout le soin de répondre aux tractions de la prisonnière. Parfois vous avez mal calculé son épuisement et la vue du filet lui redonnera un regain de vigueur. N’insistez pas, donnez de la corde et recommencez le travail d’approche, jusqu’à l’instant voulu où, en bonne position, un coup d’épuisette de bas en haut assurera votre victoire.

o-o-o

Ainsi le pêcheur, les soirs d’hiver ou de printemps maussades, vit ses rêves et pêche à peu de frais, les yeux fermés !

Il fréquente comme cela tantôt des rivières merveilleuses, sans craindre les moustiques, tantôt les lacs qu’il connaît et d’autres qu’il ne connaîtra jamais. Il glisse en canot silencieux et berceur ; il va le soir, ou le matin dans la brume humide, le printemps, à la bouche des ruisseaux, l’automne, sur les eaux calmes près des décharges ; il salue d’un sourire amical tel rocher, tel tronc mort au fond d’une baie perdue, points de repère précieux, où certain jour il fit cette pêche fameuse, oubliant volontiers les heures et les heures qu’il a passées depuis