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HISTOIRE D’UN GOUJON

et faisaient des ronds sans s’arrêter. Jamais je n’avais vu pareille chose. Je m’approchai et compris bientôt la raison de leur détresse. Les pauvres étaient enfermés dans une espèce de boîte ajourée. Ils poussaient leur tête sur les côtés de la boîte, revenaient en arrière, recommençaient encore sans pouvoir avancer. Ils étaient prisonniers là-dedans et ne pouvaient plus s’en aller, ni les gros ni les petits.

Je les regardais se débattre, lorsque voilà la boîte qui se met à rouler. Les malheureux nageaient, sautaient pour rester dans l’eau, mais ils s’en allaient quand même tous ensemble.

Un homme saisit la boîte, l’ouvrit et jeta tous les petits poissons dans une chaudière pleine d’eau.

Deux autres hommes se sont approchés ; ils portaient de longs bâtons et montèrent tous trois sur une grande machine qui flotte sur l’eau, et je ne voyais plus les hommes, ni mes frères dans la chaudière pleine d’eau.

La grande machine se prit à glisser ; les bâtons frappaient dans l’eau et plus ils frappaient, plus vite elle glissait. Ça faisait des remous et beaucoup de bruit à chaque coup.