Page:Sylvain - En flânant dans les portages, 1922.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

HISTOIRE D’UN GOUJON

Des truites et des goujons effrayés se sauvaient. Moi je n’avais pas peur parce que dans le ruisseau il y avait des remous qui font du bruit ; je suivais la machine pour voir des remous et aussi à cause de mes frères dans la chaudière.

Après avoir longtemps nagé derrière je la vis s’arrêter. Un des hommes jeta dans l’eau un gros galet noir qui descendit jusqu’au fond du lac en faisant des bouillons. Je me faufilai sous la machine qui n’avançait plus ; j’étais bien fatigué de nager.

Au bout de quelque temps il se mit à tomber de longues cordes ; après les cordes il y avait des pierres luisantes et, près de chaque pierre,… un des petits poissons de la chaudière.

Ah ! les pauvres ! je les vois encore !

L’un était transpercé au milieu du corps par une pointe qui entrait d’un côté et ressortait de l’autre. Il paraissait beaucoup souffrir, donnait un coup de queue pour nager, mais ça lui faisait si mal qu’il s’arrêtait aussitôt. Il penchait la tête, ouvrait son bec et soufflait vite, vite, par ses branchies.

Un autre, piqué près de la queue, se sentant pres-