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Page:T. Corneille - Médée, Schelte, 1695.djvu/58

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Un juste courroux vous presse ;
Mais à ne rien ménager,
Le plaisir de vous venger
Me rendra-t-il la princesse ?

MÉDÉE.

Je me déclare pour vous.
Jamais, quoyque puissent faire,
Les Dieux, Créüse & son père,
Jason n’en sera l’époux :
Je me déclare pour vous.
Laissez-moi seule ici ; dans ce que je médite
J’ai besoin de calmer le trouble qui m’agite.


Scène V

Médée, Nérine.

MÉDÉE.

D’où me vient cette horreur ? Est-ce à moi de trembler ?
Prête à punir la criminelle flamme
Qui cause les ennuis dont on m’ose accabler,
Puis-je me souvenir que je suis mère & femme ?

NÉRINE.

Ses yeux sont égarés, ses pas sont incertains.
Dieux, détournez ce que je crains.

MÉDÉE.

Non, non, à la pitié je dois être inflexible.
Jason méprisera mon désespoir jaloux ?
Venez, venez, fureurs, je m’abandonne à vous.