Je prends une vengeance épouvantable, horrible ;
Mais pour voir son supplice égaler mon courroux,
C’est par l’endroit le plus sensible
Qu’il faut porter les derniers coups.
Scène VI
Créon, Médée, Nérine, Gardes.
Vos adieux sont-ils faits ? Le murmure s’augmente,
C’est aigrir les esprits que de ne céder pas.
D’un peuple qui vous fait sortir de mes États
Craignons la fureur insolente.
Je pars, & ne veux-plus troubler votre repos,
Mais je dois tenir ma promesse.
Pour m’en voir dégagée, il faut que la Princesse
Épouse le Prince d’Argos.
À serrer ces beaux nœuds la gloire vous invite,
Pressez ce doux moment, l’hymen fait, je vous quitte.
Quelle audace vous porte à me parler ainsi,
Vous, l’objet malheureux de tant de justes haines ?
Ignorez-vous que je commande ici,
Et que mes volontés y seront souveraines ?
C’est à moi seul de les régler.