Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/170

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On m'en vient toutefois d'apporter cette lettre
Qui me promet encor ce qu'il m'osa promettre,
Et m'assurant pour lui d'une immuable amour
Me fait avec ardeur souhaiter son retour. [870]
Je brûle de le voir, et quoi qu'en apparence
L'effet de ce désir passe toute puissance,
J'ai su que par votre art de tous si fort vanté
Vous pourriez surmonter cette difficulté,
Et dès ce même soir faire à mes yeux paraître [875]
Celui qui de mon âme a su se rendre maître.
Ainsi, si d'un beau feu jamais la noble ardeur
Pour un objet aimable échauffa votre coeur,
Par l'amour, par ce Dieu que chacun appréhende,
Ne me refusez point ce que je vous demande. [880]

don fernand

à Philipin
Que lui pourrai-je enfin répondre là dessus ?

philipin

à Don Fernand
Appelez au secours le grand Nostradamus.

don fernand

Le vieillard astrologue était moins redoutable.

philipin

Dites qu'il lui faut faire un pacte avec le Diable.

don fernand

à Léonor
Madame, je ne sais pour qui vous me prenez, [885]
Ni ce que de mon art vous vous imaginez,
Car où prétendez-vous que je puisse aller prendre
Un homme que vous même avouez être en Flandre ?

léonor

Ah, vous faites encor des prodiges plus grands,
J'en suis bien informée et j'en ai bons garants. [890]

philipin

J'en eusse osé jurer.

don fernand

Croyez qu'on vous abuse,
L'impossibilité fait seule mon excuse,
Mon Art pour vous servir n'est point assez puissant
S'il faut faire à vos yeux paraître un homme absent,